Origine du Black Friday
Le Black Friday, également appelé Vendredi noir, est de retour cette année le 28 novembre 2025. Cet événement, caractérisé par nombreux rabais dans les commerces, a vu le jour aux États-Unis dans les années 1950. A l’origine, ce terme faisait référence aux embouteillages causés par la forte affluence dans les rues commerçantes (Sardin, 2022 ; Burgy, 2023).
Ce phénomène commercial a commencé en Suisse en 2014. L’année passée, une enquête a été réalisée auprès de la population suisse prouvant son ampleur à l’échelle nationale. En effet, les Suisses, en 2024, ont dépensé en moyenne 282.- CHF pour leurs achats du Black Friday, un montant supérieur à 2023 (Marchand, 2024).
Ainsi, les Suisses semblent toujours plus enclins à dépenser pendant cette journée de l’année. Ces comportements d’achat s’inscrivent au sein d’un contexte sociétal plus large au cœur duquel règne la surconsommation des marchandises.
La surconsommation
Beaucoup d’entre nous n’ont pas conscience de l’ampleur de ce que nous consommons chaque année. D’après le Global Footprint Network, l’humanité utilise aujourd’hui l’équivalent de 1,7 planète, c’est-à-dire bien plus que ce que la Terre peut régénérer (Anderson, 2025). La Suisse n’est pas un bon exemple en termes de surconsommation : si chaque habitant·e de la planète consommait comme la Suisse, il faudrait environ 2,5 Terres pour répondre à la demande mondiale en ressources (WWF, 2024).
Toutefois, cette surconsommation n’est pas répartie équitablement sur Terre. Les pays développés affichent une utilisation de ressources par habitant nettement supérieure, tandis que de nombreuses nations moins développées subissent les conséquences environnementales et sociales de cette surconsommation, et sans forcément en tirer les bénéfices économiques (Anderson, 2025).
Nos habitudes d’achat excessives ne sont pas seulement individuelles. Elles s’inscrivent dans un système économique et culturel qui encourage le renouvellement constant et la consommation impulsive. Selon Anderson (2025), plusieurs éléments l’alimentent, notamment :
- une culture du jetable, où l’on privilégie des produits bon marché et peu durables ;
- un environnement saturé de marketing, de tendances et d’incitations sociales qui normalisent l’achat fréquent ;
- des entreprises qui misent sur l’obsolescence programmée et des cycles de production accélérés ;
- des politiques publiques orientées vers la croissance économique plutôt que la durabilité.
La problématique autour de la surconsommation n’est pas uniquement de se demander combien nous utilisons. D’autres problématiques notamment environnementales et sociales découlent de ce mode de consommation et nous allons en discuter dans la section suivante.
Les problèmes causés par le Black Friday
La surconsommation incitée par le Black Friday a des conséquences non négligeables à l’échelle sociale et environnementale (Zerowaste France, 2020).
Impact social
Le Black Friday s’inscrit au sein d’un système qui renforce les inégalités sociales (Zerowaste France, 2020 ; Solidar suisse, 2024). D’après un rapport de Solidar Suisse, dans certains pays, les travailleur·euse·s subissent une énorme pression à cause de ce phénomène commercial, en subissant de mauvaises conditions de travail qui les obligent, par exemple, à travailler quatorze heures par jour. Toutefois, en raison d’un manque de transparence, il est compliqué pour les consommateur·trice·s suisses d’être conscient·e·s lors de leurs achats de ces réalités cachées (Solidar suisse, 2024).
Impact environnemental
Le Black Friday s’accompagne de coûts environnementaux considérables. Ce phénomène a en effet un impact important en termes de pollutions, notamment par l’augmentation des transports engendrés par les livraisons, ainsi que des retours des marchandises, spécialement par avion. D’après « la base Carbone v20.2 de l’ADEME, le transport de marchandises réalisé par un avion-cargo de 100 tonnes est à l’origine de 1,74 kgCO2e/tonne/km » (Greenly, 2023).
Il faut également prendre en compte la pollution liée aux emballages des marchandises. À l’échelle mondiale, seulement une moindre partie des déchets plastiques et électroniques sont recyclés. L’autre partie, comme une multitude de produits chimiques industriels, finissent dans l’environnement, en polluant l’air, les sols et les eaux.
Le Black Friday contribue ainsi à l’aggravation de la crise climatique (Müller, 2018). En effet, derrière les achats entrainés par ce phénomène se cache un impact invisible sous forme d’émissions de GES et de pollutions, tout au long du cycle de vie du produit, de l’extraction des ressources naturelles à la fabrication, en passant par le transport, jusqu’à l’élimination. Par ailleurs, l’extraction des ressources naturelles nécessaires à la fabrication de marchandises impacte négativement la biodiversité, en détruisant et polluant les habitats de plusieurs espèces animales (Anderson, 2025).
Malgré le succès de ce phénomène commercial, une volonté d’opposition commence à apparaître en Suisse. Une enquête met en avant qu’environ 30% des consommateur·trice·s ont un regard critique par rapport au Black Friday pour des raisons environnementales (Marchand, 2024). Toutefois, la surconsommation de produits lors de cette journée ne faiblit pas. En 2024, les achats d’électroménagers ont encore augmenté par rapport à l’année précédente. À titre d’exemple, « le poids carbone d’une télévision atteint 374 kg éq. CO₂ » (Sardin, 2022).
Ce phénomène n’entraine pas uniquement une surconsommation de marchandises, mais également une hausse de la production de déchets. Les objets remplacés par de nouvelles versions et inutilisés finissent généralement à la poubelle après une durée de vie de plus en plus courte (Müller, 2018 ; Greenly, 2023). Il existe ainsi un lien direct entre ce phénomène commercial et la problématique des déchets. D’après un article de la RTS, « La Suisse romande ne sait bientôt plus où stocker ses mâchefers, ces résidus de l’incinération des déchets », ce qui témoigne de l’importance de l’enjeu à l’échelle locale (Argento, 2025).
La surconsommation pendant le Black Friday a donc des coûts à la fois sociaux et environnementaux, et nous, en tant que consommateur·trice·s, avons le choix de mettre en place des solutions pour les limiter.
Solutions pour mieux consommer
Face aux nombreux impacts négatifs du Black Friday, il est essentiel de repenser nos habitudes de consommation. Cette journée de promotions massives pousse les consommateur·trice·s à acheter des produits présentés comme indispensables, alors qu’ils ne répondent souvent à aucun besoin réel. Pour sortir de ce cycle de surconsommation, plusieurs alternatives simples et efficaces permettent de consommer moins, mais mieux.
Inventoriez ce que vous possédez
Avant de céder aux tentations du Black Friday, interrogez-vous sur ce que vous possédez déjà. Faites l’inventaire de vos vêtements, appareils et objets du quotidien permet de prendre conscience de tout ce que vous possédez déjà. Cet exercice met souvent en évidence que de nombreux achats potentiels sont superflus.
Favorisez la seconde main
Au lieu d’acheter du neuf, allez dans des magasins de seconde main. La seconde main est une bonne option pour lutter contre la surconsommation et la surproduction d’objets. Sur notre site internet, vous trouverez une carte qui répertorie de nombreuses adresses Zéro Déchet en Suisse, dont des magasins de seconde main.
Réparez vos vêtements, appareils et objets cassés
Un vêtement troué ou un appareil défectueux ne nécessite pas toujours d’être remplacé. Les Repair Cafés, présents dans plusieurs villes suisses, permettent de réparer à prix libre de nombreux objets grâce à l’aide de bénévoles. C’est un moyen simple d’allonger la durée de vie de ses biens tout en réduisant ses déchets.
Achetez moins, mais mieux
Si vous envisagez un achat lors de cette journée, prenez le temps de réfléchir à sa pertinence. La méthode BISOU est un outil efficace pour se questionner sur la pertinence de cet achat.
Besoins : ai-je vraiment besoin de cet objet ?
Immédiat : puis-je différer mon achat ?
Semblable : ai-je déjà quelque chose de similaire ?
Origine : où et comment a-t-il été produit ?
Utile : quelle est sa réelle utilité pour moi ?
Après avoir évalué la pertinence de votre achat et si cet achat répond à un besoin réel, privilégiez des produits durables, locaux, certifiés par des labels écologique (comme GOTS, WFTO, Naturleder, Ecolabel EU (liste non exhaustive), FSC, Blue Angel, PEFC) ou disposant d’un bon indice de réparabilité (IFixit).
Donnez ou échangez vos objets
Si certains objets ne vous servent plus, offrez-leur une seconde vie. Le don, le troc ou la vente lors de vide-dressings permettent de désencombrer votre intérieur tout en évitant que des objets encore fonctionnels ne se transforment en déchets. De nombreux magasins, comme Caritas, et associations locales récoltent des vêtements et des articles divers tout au long de l’année.
Conclusion
La surconsommation liée au Black Friday entraîne des conséquences sociales et environnementales importantes. À l’approche de cet événement, nous avons le pouvoir, en tant que consommateur·trice·s, de ne pas alimenter cette frénésie d’achats et d’adopter des pratiques plus responsables : privilégier la réparation, la réutilisation et faire des achats plus durables et plus réfléchis.
Bibliographie
Anderson, K. (2025). Greenly. https://greenly.earth/en-gb/blog/ecology-news/why-overconsumption-is-a-problem-and-how-to-stop-it#anchor-articles_content$d70a16f1-3161-4ca1-8b6e-11566af37235
Argento, C. (2025). RTS. https://www.rts.ch/info/regions/geneve/2025/article/machefers-la-suisse-romande-face-au-defi-du-stockage-des-residus-d-incineration-29032037.html
Burgy, C. (2023). RTS. https://www.rts.ch/info/economie/14492566-le-black-friday-ca-change-quoi-pour-vous.html#:~:text=Les%20alternatives,Friday%2C%20au%20profit%20de%20Caritas
Greenly. (2023). https://greenly.earth/leaf-media/data-stories/l-impact-environnemental-du-black-friday
Marchand, V. (2024). COMINMAG.https://cominmag.ch/le-black-friday-on-en-parle-moins-mais-ca-cartonne-toujour/
Müller, D. (2018). Greenpeace. https://www.greenpeace.ch/de/hintergrund/45363/mach-aus-dem-schwarzen-freitag-einen-gruenen/
Oxfam France. (2024). https://www.oxfamfrance.org/agir-oxfam/green-friday-4-etapes-pour-rentrer-en-resistance-face-au-black-friday/
Sardin, A. (2022). Reporterre. https://reporterre.net/Lors-du-Black-Friday-2-5-millions-de-colis-livres-chaque-jour-dans-Paris
Solidar suisse. (2024). https://solidar.ch/fr/black-friday-2024/
WWF. (2024). https://www.wwf.ch/fr/medias/schluss.-finito.-termine-toutes-nos-ressources-sont-epuisees
Zerowaste France. (2020). https://www.zerowastefrance.org/zero-waste-france-denonce-les-derives-du-black-friday/#:~:text=Pour%20r%C3%A9sister%20au%20Black%20Friday%2C%20Zero%20Waste,ainsi%20que%20les%20commerces%20locaux%20et%20artisanaux