ZeroWaste Switzerland

Non-profit association inspiring everyone in Switzerland to reduce waste.

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Vous souhaitez abandonner le café ? 

Suivez nos conseils pour trouver votre alternative naturelle, sans caféine, écoresponsable et (si possible) locale ! 

Huit kilos. Huit kilos de café par an et par personne, c’est presque 3 tasses par jour et c’est la consommation individuelle annuelle moyenne en Suisse d’après Swiss Fair Trade. C’est beaucoup, la Suisse arrivant en deuxième position européenne après la Scandinavie. 

Pourquoi cela est-il problématique ?  

Une production loin d’être équitable  

80% de la production mondiale de café est le travail de petits producteurs dont les moyens techniques (avec les difficultés de la récolte manuelle) et financiers (les ventes couvrent à peine les coûts de production) imposent l’utilisation de produits phytosanitaires néfastes pour leur santé et leur environnement. En effet, les réglementations internationales visant à réguler ce marché ne sont pas toujours appliquées ou applicables par des paysans qui vivent à peine de leur production. 

Par ailleurs, originellement, le caféier grandit à l’ombre des forêts. Avec une demande mondiale toujours plus grande, les producteurs ont dû s’organiser et ont fabriqué des étendues dédiées à cette culture en déforestant massivement. Soumis aux fortes chaleurs, les champs nécessitent alors énormément d’eau et d’engrais, souvent peu naturels. 

Une empreinte carbone à faire pâlir 

Une étude de Bernard Killian réalisée en 2013 pour le Journal of Agricultural Science and Technology, a calculé l’empreinte carbone du café filtre du Costa Rica consommé en Europe : il a été estimé à 4,98kg d’équivalent CO2 par kg de café vert (c’est-à-dire avant torréfaction). Et lorsqu’on décortique son voyage, cela devient évident. 

Issu des graines torréfiées du caféier, le café nous vient de très loin ; le café arabica, qui compte pour 75% de la production mondiale, est cultivé dans les régions tropicales de l’hémisphère sud (Afrique, Amérique du Sud, Asie). 

Produit à des milliers de kilomètres de chez nous, le café, surnommé « l’or noir » subit alors de multiples variations et augmentations de prix du fait des variations climatiques subies par les récoltes et des divers intermédiaires et entreprises transformatrices. Ces nombreuses étapes de fabrication ont également leur part dans le calcul de son empreinte carbone. 

Du côté de la santé 

Outre son goût si spécifique, le café nous intéresse de par son effet « booster » pour lequel il est si prisé dans notre société moderne. Cependant, cet effet est aussi rapide à venir qu’il s’en va, d’où la sensation d’addiction pour tenir nos journées longues et stressantes ! Mais attention, au-delà de 4 tasses par jour l’effet devient contre-productif, empêchant un repos sain et entrainant possiblement des pics de nervosité, voire chez certaines personnes des problèmes de reflux gastrique, de brûlures d’estomac en plus d’un effet laxatif. Il est d’ailleurs déconseillé de consommer le café le matin à jeun pour éviter ce type de désagréments. 

Quelque peu psychotrope, le café nous rend dépendant, et ce aux dépens de notre santé et de celle de notre planète, comme présenté plus haut. De plus, si vous buvez votre café soluble, vous vous risquez aux effets secondaires de l’acrylamide, une substance cancérigène issue du procédé de fabrication. 

Alors, prêt.e pour se délivrer et vivre libéré.e de son emprise au café au bénéfice d’une consommation plus locale et respectueuse de soi et de l’environnement ? 

Les alternatives au café, sans caféine  

Sans être identique en goût, les alternatives suivantes s’en rapprochent et combinent ses bienfaits sur le long terme, sans la caféine ! Dans tous les cas, veillez à ne pas dépasser 4 tasses par jour. 

Les graines de lupin 

Question goût, le lupin est semble-t-il la céréale qui se rapproche le plus du café. Il a un petit goût de chocolat-noisette et, crème sur le café, se prépare comme vous préparez votre café ! C’est d’ailleurs l’alternative préférée des Italiens et des Allemands. En Suisse nous avons aussi des producteurs locaux et sa culture prend de l’ampleur grâce à tous ses aspects positifs. Vous retrouverez par exemple le café Lupin sur Rösterei Heer (cultivé dans le canton de Berne), Lupinen Kaffee (cultivé à Zürich) et Grüthof Bio  

Naturellement sans caféine, le lupin est déjà utilisé comme boisson au temps de l’Egypte ancienne ! Riche en protéines, il est respectueux de la flore intestinale et bourré de vitamines et minéraux – E, B2, B3 et B9, magnésium, calcium, zinc & fer.  

Par ailleurs, sa plante aux jolies grappes de fleurs bleues est une vraie mine d’or : ses graines sont comestibles ou utilisables de diverses manières (farine, cosmétiques, tofu, café !), ses racines nourrissent et structurent le sol, et sa culture ne nécessite aucun pesticide ni engrais pour une empreinte carbone imbattable. Bref, le lupin a tout bon ! 

Le café d’orge, ou malt d’orge torréfié 

Cette céréale très appréciée par nos amis américains est riche en vitamines, minéraux et fibres, elle favorise donc un bon transit intestinal. Ce sont ses mêmes fibres qui en font par ailleurs un bon coupe-faim. Culture locale, elle représentant la 2ème production céréalière en Europe. Au goût elle est assez proche du café, en étant plus suave grâce à une légère saveur noisette. 

La chicorée 

Locale, de la même famille que les endives de votre maraîcher préféré, vous avez peut-être déjà testé cette céréale sous forme de boisson chaude chez votre grand-mère… Cultivée et utilisée comme breuvage depuis le XVIIème siècle en Europe, sa production est majoritairement française, du Nord-Pas-de-Calais. C’est la torréfaction de ses racines qui permet de la boire comme succédané au café. Oseriez-vous dépoussiérer ce souvenir ? Saviez-vous que la chicorée, au goût onctueux de caramel et légèrement amer, est votre alliée santé ? 

Eh oui, la chicorée a tout bon : elle fait le plein de vitamines (A, C, B9, K, C), de minéraux (phosphore, magnésium, fer), contient une grande quantité d’anti-oxydants (intéressants pour leurs effets anti-âge) et ses apports en fibres facilitent le bon fonctionnement du transit et de la flore intestinale. 

L’épeautre torréfié 

Produit en France, l’épeautre revient en force depuis quelques années en remplacement de parcelles de blé ou de maïs pour une agriculture locale plus respectueuse de l’environnement. Très digeste, riche en acides aminés, en calcium et magnésium, il est parfait pour donner énergie et sérénité ! Très doux au goût, c’est une boisson assez neutre mais réconfortante. 

Un mélange citron-gingembre 

Si vous êtes prêts à oublier le goût du café car vous le buvez principalement pour ses vertus énergisantes, alors testez ce mélange détonnant ! Vous ferez le plein de vitamine C dans cette boisson aux actions détoxifiantes, purifiantes, antibactériennes, antivirales, diurétiques, et antiseptiques, agissant comme une véritable barrière à virus tout en vous donnant l’effet coup de boost salvateur du matin ! 

Une infusion de menthe poivrée 

Facilement cultivée près de chez vous voire sur votre balcon, vous pouvez également compter sur cette plante au parfum puissant pour vous réveiller le matin ! La menthe est réputée pour faciliter la digestion et calmer les maux de ventre. Elle a par ailleurs le même effet que le café dans le traitement et la prévention des maux de tête grâce à la présence de menthol. La menthe possède par ailleurs une forte action antioxydante grâce à la combinaison de polyphénols et de vitamines antioxydantes (C, E et bêta-carotène). Attention toutefois à ne pas en abuser au risque de ressentir l’inverse de ses bienfaits ! 

Alors, qu’allez-vous tester demain matin pour une journée tonique et locale ? 

Si toutefois vous ne pouvez pas vous passer de café, préférez-le en vrac, bio et/ou équitable, et ne préparez que ce que vous allez consommer pour ne rien gaspiller de cet or noir ! 

Sources

Marché et consommation du café – Swiss Fair Trade 

Quelle est l’empreinte carbone du café et comment le remplacer ? (planetezerodechet.fr)  

Empreinte carbone du café, attention aux idées reçues – Transitions & Energies (transitionsenergies.com)  

Quel est l’impact écologique de la production de café ? | Sante et nutrition (sante-et-nutrition.com) 

Etude de Bernard Killian, « Carbon Footprint Across the Coffee Supply Chain:The Case of Costa Rican Coffee », Journal of Agricultural Science and Technology, vol. B, no 3,‎ 2013, p. 151-170 (lire en ligne [archive], consulté le 6 juillet 2016) 

Chicorée : bienfaits santé, minceur, effets secondaires (journaldesfemmes.fr)  

Menthe : bienfaits et méfaits pour la santé (journaldesfemmes.fr)  

9 Les bienfaits impressionnants de l’orge pour la santé (genialsante.com) 

Lupi coffee – Alternative au café à base de graines de fleurs de lupin

Encore une adresse : https://www.koro-shop.ch/fr/cafe-de-lupin-bio-1-kg 

Le réutilisable meilleur pour le climat que les emballages jetables ?

 

32 études ont été sélectionnées par les auteurs du rapport1 car elles répondaient à une série de critères attestant de leur sérieux : étude datant de moins de 20 ans, l’analyse du cycle de vie (ACV) réalisée selon les standards ISO 14040- 14044, et comparant deux systèmes d’emballages (jetable/réutilisable) répondant au même usage. 

Premier enseignement : parmi ces études, 23 sur 32 (soit 72%) concluent que les emballages réutilisables sont meilleurs pour l’environnement que leur équivalent jetable. Certaines montrent ainsi que les bouteilles en verre réutilisables produisent 85% d’émissions de gaz à effet de serre de moins que le verre à usage unique, 75% de moins que les bouteilles en PET et 57% de moins que les canettes aluminium.

Cependant, cette seule observation n’est pas suffisante pour affirmer que le réutilisable est toujours plus intéressant pour le climat que le jetable. En effet, les résultats, positifs ou négatifs, vont varier dans chaque étude analysée en fonction de différents facteurs clés listés ci-dessous. Pour les auteurs du rapport ce sont donc sur ces facteurs qu’il faut travailler pour s’assurer que la substitution d’un emballage jetable par un contenant réutilisable sera meilleur pour le climat. 

Le procédé de fabrication de l’emballage 

Pour les emballages jetables, c’est systématiquement la phase de production de l’emballage qui est la plus impactante d’un point de vue climatique. Ainsi, en fonction de sa matière et du procédé de fabrication, l’emballage jetable sera responsable de plus ou moins d’émissions de gaz à effet de serre. 
→ C’est ce qui explique par exemple que toutes les études analysées concluent que les emballages en verre réutilisables sont meilleurs pour le climat que les emballages en verre à usage unique, et ce même à partir d’une seule réutilisation. En effet, la fabrication du verre est fortement émettrice de gaz à effet de serre, qui sont donc évitées à chaque réutilisation d’un emballage; 

Le nombre de réutilisation

Pour les emballages réutilisables, un facteur important du bilan environnemental est bien sûr le nombre de réutilisation de celui-ci. Chaque réutilisation permet en effet de compenser un peu plus l’impact de l’étape première de fabrication de l’emballage. Plus il est réutilisé (évitant ainsi la production de nouveaux emballages), plus l’impact de sa fabrication initiale devient minime. 

 Certaines études analysées indiquent ainsi que substituer une bouteille en PET jetable par une bouteille en verre réutilisable devient intéressant d’un point de vue climatique au bout de 10 ou 20 réutilisations de la bouteille. Une autre étude estime que pour une distance de transport réduite (200km), la bouteille en verre réutilisable est moins impactante que la bouteille en PET jetable dès la troisième réutilisation. Une autre étude estime que pour les gobelets réutilisables, il faudrait 10 réutilisations pour avoir un bénéfice environnemental du réutilisable.

Photo by Cantilever Distillery on Unsplash
Photo by Matthew T Rader on Unsplash

L’impact du transport

Au-delà du nombre de réutilisation, l’analyse des études montre que c’est aussi le transport notamment entre le lieu de collecte, de lavage et de re-remplissage du contenant (émis à chaque cycle de réutilisation) qui est le plus impactant. La plupart des études qui concluent à un impact négatif des emballages réutilisables le font d’ailleurs pour cette raison : des distances de transport trop grandes. Les émissions de GES dues au transport des emballages réutilisables dépendent elles-mêmes de trois paramètres : les distances, le poids des emballages transportés, et le mode de transport (le transport par bateau est par exemple nettement moins émetteur que par camion).

→ Une des études analysées conclut ainsi que la réutilisation des emballages est intéressante d’un point de vue climatique jusqu’à 1200 km de distance. 

Ainsi, cette vaste analyse des études réalisées sur le sujet permet de conclure que la réutilisation des emballages est bien souvent très bénéfique pour le climat, d’autant plus lorsque les distances de transport sont réduites (ce qui sera typiquement le cas pour un système de consigne en suisse), ou que le système vient remplacer des emballages en verre jusque là jetés après la première utilisation. Pour les producteurs qui voudraient maximiser le bénéfice climatique de leur système de réutilisation, reste à travailler pour : 

  • Assurer un grand nombre de réutilisation, ce qui nécessite bien souvent de mettre en place des systèmes de consigne pour s’assurer un bon taux de retour de l’emballage.
  • Optimiser la logistique : standardiser les contenants, privilégier des emballages empilables et profiter des livraisons de contenants pleins pour reprendre les vides.
  • Réduire les distances de transport entre le lieu de remplissage, de consommation et de lavage. 

Les écueils des méthodes d’analyses comparant emballages jetables et réutilisables

L’analyse de plusieurs études comparant l’impact environnemental du jetable par rapport au réutilisable permet également de pointer certaines limites des méthodes d’analyse utilisées, qui conduisent à favoriser les emballages jetables.

La première est la mauvaise prise en compte, dans les Analyses de Cycle de Vie, des risques de “fuites” dans l’environnement des emballages plastiques, dont on sait qu’elles ont un impact catastrophique sur l’environnement et la biodiversité. Ces risques de fuite, par définition imprévisibles et dépendant fortement du contexte de consommation du produit, ne sont pas forcément comptabilisés.

Autre biais dans les études : les méthodes de comptabilisation des bénéfices du recyclage (qui ont pour effet de réduire l’impact environnemental des emballages jetables dont une partie sera recyclée).

Certaines méthodes de comptabilisation des bénéfices du recyclage ne prennent pas en compte les pertes de matières ayant lieu au moment du recyclage ou l’impossibilité de recycler certaines matières pour fabriquer de nouveaux emballages, aboutissant en quelque sorte à “surestimer” les bénéfices environnementaux réels du recyclage. 

  1. Cette analyse a été menée par Reloop et Zero Waste Europe avec l’Université d’Utrecht. Elle a passé au crible plusieurs dizaines d’études comparant l’impact climatique des systèmes de réutilisation des emballages (souvent consignés) par rapport aux emballages jetables. Le sujet est âprement débattu depuis des années puisque les études menées en la matière donnent parfois des résultats contradictoires, en fonction des hypothèses posées au départ. L’ambition de cette recherche a été de compiler tous ces résultats pour comprendre à quelles conditions la réutilisation des emballages constitue un bénéfice climatique par rapport aux emballages jetables. ↩︎

On est tous dans la même barque : agriculteurs et consommateurs, de la fourche à la fourchette.

Nous avons rencontré Blaise Hofmann1, écrivain-vigneron né à Morges qui nous partage sa vision de l’agriculture et son avenir.

Respect, reconnaissance, rencontre, rémunération & responsabilité, encore 5 R

Quand dernièrement, j’ai demandé à mes parents quel avait été le meilleur souvenir de leur vie de paysanne, de paysan, tous deux m’ont répondu spontanément :

– Nos vingt-cinq années de vente directe avec le marché à la ferme.

Ils l’avaient ouvert dans les années 1990, à contrecœur, en réaction à une décision inattendue de leur coopérative fruitière : un employé refusa les plateaux de cerises de table que mon père lui livrait, sous prétexte que ses fruits avaient été cueillis sous la pluie. Il faut croire que sa colère fut bien vive, car il ne répondit rien, il referma simplement le coffre de son break et s’en alla.

De retour à la maison, en lançant quelques coups de fil, mes parents écoulèrent le stock auprès de leurs proches, s’aperçurent, d’une part, que les prix doublaient, d’autre part, que le lien avec le consommateur était renoué ; ils s’en trouvaient valorisés. Cette activité leur appartenait de bout en bout, ils maîtrisaient tous les maillons de la chaîne, de la plantation des arbres au prix de vente des fruits. L’idée germa ainsi d’écouler le reste des cerises sur un stand improvisé au bord de la route.

Quelques années plus tard, cette même coopérative décida de ne plus accepter non plus leurs pommes, pour la raison qu’ils étaient de trop petits exploitants : pas assez de surfaces, pas assez de rentabilité, pas assez de profits, trop de complexité logistique. À partir de ce jour, ils n’y remirent plus les pieds. Ils ouvrirent leur marché à la ferme tous les samedis, cela bien avant la tendance actuelle au circuit court. Ce fut un partage de compétence gagnant-gagnant entre le tempérament hyper social de ma mère, qui officiait comme vendeuse, et celui hyper actif de mon père, qui filait cueillir ce qu’il fallait en fonction de la demande. Ils trouvèrent ainsi, presque par hasard, le modèle de production qui leur convenait, qui leur ressemblait, qui leur apportait dignité et fierté.

Sans le savoir, mes parents commençaient ainsi à appliquer au quotidien la « règle des 5 R » de la géographe Sylvie Brunel :

RESPECT de ceux qui travaillent pour nous nourrir,

RECONNAISSANCE de leurs efforts,

RENCONTRE entre les mondes ruraux et urbains,

RÉMUNÉRATION digne des services accomplis,

RESPONSABILITÉ du consommateur.

Concernant ce dernier point, on dit souvent que le client est roi ; en vérité, tout est fait pour orienter ses choix, conditionner ses habitudes selon les souhaits des acteurs du marché agro-alimentaires.

En prenant par exemple l’habitude d’acheter sur les étals des pommes de terre propres, on impose sans le savoir aux producteurs de les traiter chimiquement pour raffermir leur peau et leur permettre d’être lavées, triées et transportées sans dommages ; c’est nous aussi qui imposons l’usage d’antigerminatifs car on n’achèterait jamais de tubercules couverts de végétation.

C’est aussi nous qui, poussés par une promotion exceptionnelle, souhaitons manger des tomates en plein hiver, et forçons ainsi les producteurs à acquérir des plants résistants, à les cultiver dans des serres chauffées, dans des terreaux hors-sols à base de fibre de coco sri-lankaise, à nourrir ces plants au goutte à goutte en eau, en phosphore, en phosphate et en oligo-éléments. C’est nous qui consommerons des tomates sans goût ni valeurs nutritives.

C’est nous enfin qui, en achetant des pommes parfaites, de taille moyenne, sans tavelure, sans défauts, déclassons indirectement les trois-quarts de la récolte de l’agriculteur ; nous qui imposons l’usage d’une trentaine de molécules chimiques pour obtenir des fruits aussi esthétiques que résistants ; nous qui forçons les producteurs à traiter avant la cueillette pour durcir les fruits, à cueillir trop tôt et conserver la récolte dans des chambres froides pour éviter le murissement…

On est tous dans la même barque : agriculteurs et consommateurs, de la fourche à la fourchette. Une décision impliquant l’un se répercute forcément sur l’autre ; on ferait mieux d’aborder l’avenir ensemble.

Pour cela, il faudrait que le monde agricole retrouve une voix, un visage, un corps, qu’il prenne le temps et trouve les moyens de se raconter, apprenne à le faire. Il ne sert à rien aujourd’hui d’aligner les chiffres alarmants (3 exploitations disparaissent en Suisse chaque jour), les pourcentages défaitistes (l’agriculture ne concerne plus que 1.7% de la population). Il faut remettre dans le débat de l’émotion, du dialogue, de la rencontre.

Réciproquement, il faudrait que la population citadine regarde un peu moins de tutoriels Youtube sur l’agroécologie, parte à la découverte des campagnes, sorte de sa zone de confort, ne considère plus uniquement la périphérie comme des zones de détente, de tranquillité. Elle apostropherait ceux qui dessinent et savent encore lire le paysage (étymologiquement, « paysan » signifie « gens du pays ») pour leur demander :

– S’il vous plaît, racontez-moi votre métier.

Hélas, l’alimentation n’est plus une préoccupation majeure et quotidienne ; on se soucie davantage de régimes amaigrissants que de sécurité alimentaire. Les dernières famines en Suisse remontent à deux siècles – en 1816, « l’année sans été », lorsque le climat mondial fut déréglé par l’éruption d’un volcan indonésien –, les survivants sont morts depuis longtemps et leurs cauchemars ne peuvent plus nous atteindre.

Trouver des denrées, les conserver et les cuisiner ne représente que quelques minutes de notre quotidien ; on commande en ligne des courses qui sont déposées devant la porte. Une fois toutes les deux semaines, on se gare dans un parking souterrain pour remplir un caddie, un frigo, un réfrigérateur : l’opération dure moins de deux heures.

Le budget nourriture a suivi la même tendance, ne constituant que 7% des dépenses d’un ménage (en Suisse en 2023). Une broutille en comparaison des sommes allouées aux hobbies, aux vacances, aux sorties. Ce faible pourcentage explique pourquoi tant de potagers ont disparus des alentours des fermes : les prix cassés des supermarchés rendent ces activités caduques. On en retrouve par contre de plus en plus sur les balcons des citadins, qui visent moins l’autonomie qu’un premier pas vers un retour à la terre, une sorte de hobbyfarming.

Pour remettre l’alimentation au centre des préoccupations, il faudrait d’abord rééduquer le goût du consommateur, ses connaissances des produits, ses aptitudes à les cuisiner.

S’il décidait de n’acheter que des produits locaux, de saison, s’il décidait de manger tous les morceaux d’un animal, de condamner les sucres ajoutés, les émulsifiants et autres additifs, s’il était d’accord de payer un petit peu plus cher, l’offre des magasins serait immédiatement bouleversée, sans que l’État, les grands distributeurs ou les multinationales agroindustrielles n’aient leur mot à dire.

En quelques années, la production s’alignerait comme par miracle sur les aspirations d’un consommateur éveillé.

L’État pourrait accélérer ce processus en sortant d’une gestion agricole exclusivement marchande, en remplaçant sa « politique agricole » par une « politique alimentaire », en remettant ainsi au centre du débat la production de nourriture, en cherchant à assurer, d’une part, de bons produits aux consommateurs, et d’autre part, aux paysans un revenu juste.

Durant la pandémie de coronavirus, il était si affligeant de voir le Conseil fédéral fermer tous les marchés de plein air et autoriser l’accès aux grandes surfaces. C’était la preuve d’un soutien très politique envers un système consumériste, l’aboutissement d’un demi-siècle d’hégémonie agro-industrielle sur l’approvisionnement alimentaire.

La terre, le végétal, l’animal ne constituent pas une industrie comme une autre. La production de nourriture ne doit pas obéir aux mêmes critères que la fabrication de gadgets. Il ne s’agit pas d’un métier de financiers, de communicants, d’ingénieurs.

L’agriculture est le dernier secteur à avoir intégré la société industrielle ; elle sera peut-être, il faut l’espérer, le premier à s’en affranchir.

  1. Blaise Hofmann
    Écrivain-vigneron suisse né à Morges en 1978, auteur, entre autres, d’Estive (Prix Nicolas Bouvier 2008 au festival des Étonnants voyageurs de Saint Malo) et de Faire Paysan (éditions Zoé, 2023). ↩︎

Un état d’esprit Zéro Déchet pour se mettre en action ?

Cela peut se travailler, avec plaisir et bonne humeur !

Vous vous intéressez aux pratiques de Zéro Déchet ? Vous avez lu notre site internet de fond en comble, vous avez acheté des livres sur le sujet, vous connaissez par cœur les conseils de Béa Johnson, de Jérémie Pichon et de sa famille … et pourtant, vous n’arrivez pas à vous y mettre.

Vous continuez à vous questionner sur toutes les difficultés que vous risquez de rencontrer et, avec la peur de ne pas bien faire, vous finissez par n’entreprendre aucune pratique Zéro Déchet. Et, cerise sur le gâteau, vous entretenez un jugement négatif à votre égard car, au fond, ça a l’air facile pour les autres, alors pourquoi diable n’arrivez-vous pas à démarrer ?

Ces mécanismes sont bien connus, de nous tous ici, et par la plupart des personnes membres de notre Association. En effet, il est plus que normal de résister au changement, notamment les changements qui touchent à nos habitudes quotidiennes. C’est un phénomène bien identifié en psychologie !

Mais si c’est normal et que cela arrive souvent, quelle est donc la raison de cette résistance et comment en arrive-t-on à bout ?

La raison de cette résistance et sa solution réside principalement…dans vos émotions !

Il faut en effet savoir que tout ce que nous faisons est le résultat de nos pensées (plus ou moins conscientes) et des émotions qui y sont attachées. Mais aussi, tout ce que nous faisons, c’est pour éprouver des émotions … que l’on souhaiterait toujours agréables !

Vos émotions sont donc centrales dans la mise en place de nouvelles habitudes.

Or, une émotion est la réaction physiologique qui est provoquée par un état mental, et principalement par nos pensées. Généralement, nos pensées sont « automatiques », dans le sens où pour 95% d’entre elles, vous n’avez pas conscience de penser, notamment dans tout ce que vous entreprenez en mode « quotidien ».

Ces pensées génèrent donc toujours le même type d’émotions chez vous, plus ou moins sympathiques, et votre cerveau ne questionne plus ces mécanismes.

En effet, le cerveau est très efficace lorsqu’il fonctionne dans ses habitudes, ses croyances, ses schémas de pensées courants, qui vous poussent à agir comme vous le faites. Pour vous rendre au travail, de manière générale, vous partez à une heure définie, vous prenez un transport, très souvent le même, vous suivez le même chemin.

Le trajet ne vous demande plus d’effort particulier, remplit très bien votre besoin de vous rendre au travail (pour faire ce que vous souhaitez ou devez faire et en retirer les fruits que vous attendez), et le rapport entre l’efficacité et l’effort fourni pour le trajet est optimale.

C’est exactement selon ce schéma que votre cerveau fonctionne le plus efficacement :

  • Atteindre le maximum de plaisir ou de votre besoin (« réussite »)
  • Eviter la douleur et / ou l’inconfort         
  • Fonctionner dans le moindre effort / Conserver l’énergie

Et ce schéma a un nom : « la triade motivationnelle ». Grâce à ce fonctionnement très encré dans le cerveau humain, vous minimisez les émotions « difficiles » comme l’effort, l’inconfort, l’incertitude du résultat, le jugement négatif de vous-même. Or toute nouvelle habitude que l’on souhaite mettre en place vient heurter la triade motivationnelle : passer au Zéro Déchet, on peut croire que c’est difficile quand on ne l’a jamais fait, on va donc devoir apprendre, se tromper, y passer du temps, y consacrer de l’énergie… Le cerveau aura vite fait de vous en dissuader !

Donc pour mettre en place de nouvelles habitudes dans vos vies, comme le Zero Déchet, il va falloir :

  • D’une part jouer avec votre cerveau et tout faire pour remplir au maximum les conditions de cette triade pour démarrer et installer ces nouvelles actions au quotidien dans le plaisir et la réussite
  • D’autre part, augmenter votre tolérance aux émotions difficiles, comme celles mentionnées ci-dessus notamment : en vous pardonnant quand vous faites « mal », en analysant objectivement et avec curiosité ce qui s’est joué pour vous au moment de ne pas faire le choix Zéro Déchet

Ainsi, nos conseils autour des émotions sont les suivants :

  1. Avant d’entreprendre une démarche Zéro Déchets, définissez précisément les raisons qui vous y poussent. Les raisons devront vous « parler » profondément à vous, créer une émotion de plaisir, si possible, ou de fierté, ou d’utilité, etc… Elles doivent vous aider à reprendre le chemin du Zéro Déchet à chaque fois que vous aurez la flemme ou que vous serez découragés par votre entourage, ou à cause de « comment va le monde ».
    • Par exemple, l’autrice de cet article déteste sortir la poubelle, laver le linge et faire du tri, donc moins elle consomme de déchets, moins elle achète d’habits, moins elle doit s’adonner à ces activités, et a tout le loisir de faire autre chose… Cela semble futile ? Souvent, des idées plus « nobles » comme « préserver la Terre des microplastiques » ne vous aideront pas forcément à générer l’émotion qui surpassera votre impuissance ou votre fatigue et pour faire l’action Zéro Déchet au moment M.Allez chercher dans vos fonctionnements profonds pour savoir ce qui vous fera tenir et trouvez-vous un petit arsenal de raisons qui vous font plaisir, pas seulement celles qui viennent vous dire que tout va mal et que vous êtes responsables de sauver la planète…
  2. Décidez entre une et trois actions Zéro Déchet que vous allez mettre en place de suite. N’essayez pas de tout changer dans votre vie en même temps (courses, cosmétiques, loisirs, lessives, vacances, achats divers, consommation énergétique, transports etc) : lorsque le quotidien va vous empêcher de tout faire parfaitement, vous vous sentirez échec. Et pour ne pas ressentir cette émotion désagréable, vous allez tout arrêter ou alors vous forcer, ce qui n’est pas un carburant émotionnel durable. Choisissez des actions qui vous semblent possibles à intégrer de suite dans votre quotidien.
  3. Toute action est bonne pour démarrer, ne jugez pas la qualité ou la quantité de votre impact, décidez simplement ce qui est faisable pour vous, fixez un objectif mesurable, et prévoyez de le faire avec le maximum de plaisir possible.
  4. Mettez en place des stratégies pour vous rappeler ce que vous avez décidé de faire. Plusieurs pistes possibles, selon vos habitudes de vie :
    • Mettre des rappels sur votre téléphone pour penser à faire une fournée de goûters pour les enfants à un moment où vous perdriez du temps sur les réseaux sociaux
    • Vous réveiller 30 minutes plus tôt pour passer par le marché et acheter des produits frais non emballés avant d’aller au travail
    • Accrocher un sac de courses réutilisable à la poignée de votre porte d’entrée pour ne pas l’oublier en sortant
    • Customisez votre gourde pour avoir envie de l’utiliser et de la montrer à vos amis
    • Prévoyez une sortie en forêt avec votre famille pour trouver du matériel de bricolage et prévenez tout le monde du rendez-vous, en créant une histoire autour de cet évènement, etc.
  5. Lorsque vous avez un moment de « relâche », faites en sorte de ne pas vous juger. En revanche, installez-vous quelques minutes, et tentez d’analyser avec curiosité ce qui s’est passé pour vous en termes émotionnels. Pourquoi ai-je renoncé à mon action Zéro Déchet ? Etais-je fatigué.e, pressé.e, découragé.e, autre? Est-ce le jugement d’autrui qui m’a gêné ? Comment je me sens maintenant que je n’ai pas rempli mon objectif ? Qu’est-ce que je peux mettre en place pour éviter de me sentir comme ça ? comment dois-je me sentir pour faire les choses comme je les avais imaginées malgré les circonstances compliquées? Ici aussi, déterminez vos stratégies et prévoyez celles qui vous font sentir le mieux possible dans la réalisation de votre projet Zéro Déchet
  6. Enfin, et c’est très important pour installer vos habitudes, célébrez vos réussites. Alors non, cela ne veut pas dire déboucher le champagne à chaque paille que vous refuserez 😊

Cela peut prendre la forme d’une petite danse de la joie lorsque vous aurez vu que votre poubelle se remplit deux fois moins vite qu’avant, de vous applaudir (vraiment) lorsque vous aurez préparé vos repas à partir de produits frais et bruts tous les jours pendant une semaine, de noter dans votre journal votre fierté d’avoir demandé à vos proches des cadeaux de Noël « expériences » au lieu d’objets qui vont s’accumuler dans vos armoires et de vous réjouir de ces surprises.

Envie d’en savoir plus? Consultez notre agenda, nous animons régulièrement des ateliers.

Rien de neuf pendant 2 mois 

Renoncer à acheter des vêtements neufs et privilégier une démarche « Slow Fashion » 

Saviez-vous qu’il faut 10’000 litres d’eau pour fabriquer un seul jean ? Nous ne le savions pas non plus, mais c’est apparemment assez d’eau potable pour une personne pendant 10 ans ! Un T-shirt, c’est 2,5 ans. 

 Une recherche rapide sur le web permet de découvrir de nombreux autres faits inquiétants concernant l’industrie du textile :  

  • Elle est responsable de 10 % des émissions de CO2 mondiales, et pourrait absorber jusqu’à 25 % de notre budget carbone restant d’ici 2050, si rien ne change 
  • C’est le deuxième plus gros consommateur et pollueur d’eau au monde (produits chimiques, micro-plastiques)  
  • Elle est responsable d’un gaspillage massif des ressources naturelles – 40 % de tous les vêtements produits n’arrivent même pas jusqu’au consommateur.trice – ils sont détruits avant car “la mode a changé”.  

La liste est longue. Si vous ne l’avez pas encore vu, il existe un excellent film documentaire qui explique tout cela et qui vaut vraiment la peine d’être regardé : The True Cost (Le Vrai Coût).

Apparemment, nous achetons de plus en plus de vêtements – aux États-Unis, 5 fois plus par personne que dans les années 1980 (ce n’est probablement pas très différent en Suisse). Et nous les gardons beaucoup moins longtemps – en Suisse, on se débarrase de 60 % des vêtements achetés dans l’année.

C’est un fait sur lequel nous pouvons agir. Le défi de ce mois est donc “Pas de nouveaux vêtements pendant 2 mois”.

Il y a plusieurs façons de procéder :

Faites un tour dans votre penderie : si vous n’achetez plus de nouveaux vêtements pour les 2 prochains mois, amusez-vous à redécouvrir des articles de votre garde-robe que vous n’avez pas portés depuis longtemps ! 

Achetez des vêtements d’occasion : Si vous décidez que vous avez vraiment besoin de vêtements différents pendant cette période, orientez-vous vers le marché de la deuxième main et surtout le recyclage. Le canton de Genève offre de bonnes adresses de boutiques de seconde-main ou plus communément appelées “friperies”. Nombreuses sont celles que l’on peut suivre sur Instagram : @woodfriperie, @boutiquefringantes, @recycleriesolidaire ou encore @affaireasuivre_carouge. Les vêtements d’occasion sont de plus en plus populaires. D’après ThredUp, le marché de la seconde-main devrait passer à 13% de part de marché d’ici 2028 contre 9% pour le “Fast Fashion”. Et ce qui est formidable, c’est que vous pouvez réaliser de vraies économies lorsque vous commencez à acheter des produits d’occasion. 

Prêter ou louer plutôt que posséder : Avez-vous déjà pensé à louer ou emprunter certains types de vêtements ? Il existe de nombreuses possibilités de le faire ici, à Genève. 

  • les costumes et les accessoires de carnaval (p. ex. prêt de costumes) 
  • les tenues de soirée (la Garde-Robe Genève, style-story.ch
  • les habits de grossesse et les vêtements de bébé (vetlok.ch, biboutic.ch, lesptitslouent.ch
  • les vêtements de sport et de loisirs : chaussures de ski, lunettes de protection, gants de jardinage, sacs de voyage, etc. (voisins, amis ou La Manivelle

Réutiliser: D’autres options sont la réutilisation, la réparation ou la rénovation. .

  • don (particuliers, brocantes, collectes de vêtements) 
  • échange, bourses aux vêtements (bourses de la FRC : frc.ch
  • vente (vide-dressing, boutiques de seconde main, réseaux sociaux) 

Réparer/ Rénover : 

  • Raccommoder trous et déchirures, recoudre les boutons, poser des coudières 
  • Remplacer les lacets ou les talons, ressemeler 
  • Transformer, moderniser, teindre 
  • Upcycler les vieux vêtements (en pochettes, sacs, bonnets, housse de coussin) 
  • Couper le tissu pour en faire des chiffons

Plus d’information sur ces sites Internet : Fair’Act, Greenpeace, Public Eye, La Fédération Romahttp://La Fédération Romande des Consommateurs ou encore http://the goodgoods

Et quand (si ?) vous recommencerez à acheter de nouveaux vêtements il est préférable d’éviter les tissus synthétiques. Préférez les matières tels le coton bio, le coton recyclé, la laine, l’alpaga, la laine recyclée, le lin, le chanvre, la soie, l’ortie, le cupro ou encore la fibre d’ananas ! En misant sur la qualité et les labels (Bio, GOTSetc), les textiles s’usent beaucoup moins vite et ne polluent pas l’environnement. Outre la matière, faîtes attention aux pays de production et privilégiez le “Made in Europe” en général. Cela permet d’éviter aux pièces textiles des allers-retours inutiles et polluants à travers la planète. 

Sources : 

https://unfccc.int/news/un-helps-fashion-industry-shift-to-low-carbon

https://www.businessinsider.com/fast-fashion-environmental-impact-pollution-emissions-waste-water-2019-10?r=US&IR=T

https://www.wsj.com/articles/the-high-price-of-fast-fashion-11567096637

https://www.nature.com/articles/s41558-017-0058-9

https://www.thegoodgoods.fr/media/reglementation/destruction-invendus-marques-mode-luxe-sera-interdite-2022/

Acheter des aliments dans ses propres récipients

L’un des meilleurs moyens d’obtenir des compliments tous les jours !

Avez-vous déjà essayé d’acheter du fromage, du poisson ou de la viande dans vos propres récipients ? Ou, dans mon cas ces jours-ci, des quiches, des gâteaux ou des croissants au chocolat ?  

Quand on commence à le faire, cela change un peu la vie du point de vue des déchets, parce qu’il ne reste plus grand-chose dans la poubelle. Mais il faut un peu de courage la première fois qu’on le fait, c’est vrai!

Je me souviens être allée dans une petite boulangerie, ici à Versoix où j’habite, pour acheter un pâté. J’ai tendu mon récipient et j’ai dit : “Pourriez-vous le mettre directement là-dedans, s’il vous plaît ? … Parce que j’essaie de réduire mes déchets.”  

La dame m’a regardée pendant une seconde et s’est exclamée : “Oh, Madame ! … Si tout le monde faisait comme vous, ce serait merveilleux !”. Je dois avouer que j’ai ressenti un certain soulagement. Plusieurs mois plus tard, cette même dame a passé cinq minutes à raconter à ma mère que j’étais une cliente formidable parce que j’apportais toujours mon propre récipient! 

Aujourd’hui, je dirais que c’est l’un des meilleurs moyens d’obtenir des compliments tous les jours! Dans 90 % des cas, les personnes répondent : “Oh, merci beaucoup de faire ça”, “c’est une très bonne idée “, “c’est génial, c’est bien pour la planète”. Je pourrais vous raconter pleins d’histoires avec des commentaires positifs, dont certaines de mes préférées sont présentées ci-dessous.  

Mais avant d’en arriver là, permettez-moi de souligner que tous les grands supermarchés de Genève – Migros, Coop, Manor, etc. – acceptent officiellement vos propres contenants si vous achetez du fromage, du poisson, de la viande à la coupe. Et presque toutes les boulangeries et boucheries de quartier sont très heureuses de le faire, car elles peuvent économiser beaucoup d’argent.  

Nous avons récemment discuté avec un boucher de Carouge qui nous a dit qu’il dépensait chaque année 3000 francs en sacs en plastique. Alors si les clients apportent leurs propres contenants, il sera certainement très content !  

Et pour répondre à une question fréquemment posée : à Genève, le chimiste cantonal a officiellement statué qu’au sujet de l’hygiène, le commerçant vous transfère la responsabilité au moment de l’achat, si vous apportez vos propres récipients. Si ceux-ci ne sont pas propres, il peut évidemment les refuser.  

D’un point de vue pratique, c’est une bonne idée de garder un contenant dans votre sac de courses, dans votre bureau au travail ou peut-être dans le coffre de voiture/panier de vélo. Ainsi, si vous oubliez d’en prendre un, vous en aurez toujours un à portée de main. Et de plus en plus, certains restaurants proposent un système de consigne pour la vente à emporter : la campagne du canton de Genève “Emportons malin”, dont vous retrouvez plus d’informations ici https://www.ge.ch/teaser/emportons-malin 

Revenons maintenant aux commentaires positifs : 

– Dans un café d’une gare à Paris, alors que j’achetais un soir un chocolat chaud dans mon propre mug et un cookie dans ma boîte, un jeune serveur m’a regardé et m’a dit: “Vous êtes ma meilleure cliente de la journée. Je vais vous donner un cookie supplémentaire”. C’était très gentil de sa part!  

– Dans un café à Versoix, alors que j’achetais une part de tarte aux fruits à emporter dans ma boîte, une enfant regardait le propriétaire la mettre dans mon récipient. Elle a demandé pourquoi je faisais ceci mais avant que je puisse dire un mot, il m’a pris de vitesse et lui a demandé de quoi était fait le carton, selon elle. Ensuite il a ajouté “Madame apporte ses propres récipients pour qu’il y ait encore assez d’arbres pour toi quand tu seras grande”. J’en avais presque les larmes aux yeux.

– Dans un take-away à Genève, le propriétaire, à qui l’on demandait s’il acceptait les contenants des clients, a répondu : “Je rêve que tous mes client.es apportent leurs propres récipients. Ainsi, je n’aurai plus jamais à acheter de barquettes en aluminium!”.  

Alors, si vous n’avez pas encore essayé, la prochaine fois que vous achèterez de la nourriture, prenez un contenant avec vous et demandez au commerçant de le mettre directement dans le récipient.  

Vous réduirez ainsi vos déchets, vous vous sentirez fier-ère d’avoir réduit un peu vos émissions de carbone et vous ferez plaisir à vos commerçants locaux ! 

ZeroWaste Switzerland s’engage avec la coalition “Longue vie à nos objets!”

La coalition “Longue vie à nos objets!” a été créée pour résoudre le problème du gaspillage de ressources dû à l’obsolescence prématurée des biens de consommation. Malgré un consensus sur la nécessité de prolonger la durée de vie des produits, de nombreux obstacles persistent. Par exemple, un sondage récent indique que 97% des répondants ont dû jeter des objets en bon état parce que les réparations étaient coûteuses, ou que les pièces de rechange n’étaient pas disponibles. La mise au rebut annuelle de produits courants, tels que les appareils électroménagers, les vêtements et les appareils électroniques, contribue à la pollution et au gaspillage.

Le problème réside dans le fait que de nombreux produits sur le marché sont conçus de manière à être irréparables, avec des boîtiers scellés et l’absence de pièces de rechange. Les coûts de réparation sont souvent dissuasifs, et les produits deviennent obsolètes en raison de l’incompatibilité technologique, ou du manque de mises à jour logicielles. Malgré l’envie du public de réparer davantage, les incitations actuelles favorisent davantage le recyclage que la réparation.

Des rapports et enquêtes récents ont confirmé ces obstacles à la réparation et au réemploi. Les entreprises de détail et de réparation sont en retard en matière d’économie circulaire. Le projet de révision de la Loi sur la protection de l’environnement en réponse à une initiative parlementaire vise à lutter contre l’obsolescence précoce des objets.

La coalition “Longue vie à nos objets!” soutient ce projet en encourageant les acteurs économiques et politiques à améliorer l’offre du marché et à faciliter les réparations, afin que les consommateurs aient d’autres options que de jeter leurs biens. L’objectif est de favoriser une transition vers une économie circulaire à grande échelle, où les objets durent plus longtemps et sont réparables.

La coalition “Longue vie à nos objets!” a les objectifs suivants :

  1. Lutter contre le gaspillage et la pollution en prolongeant la durée de vie des objets de consommation.
  2. Influencer les conditions-cadres du marché pour encourager la conception d’objets conformes à l’économie circulaire et promouvoir la durabilité dans divers domaines politiques.
  3. Faciliter l’accès des consommateurs à la réparation et à la réutilisation comme alternatives à l’achat de neuf.
  4. Soutenir le développement d’entreprises innovantes dans les secteurs de la réparation, de la réutilisation et du partage d’objets, ainsi que mettre en avant les initiatives existantes.

Pour atteindre ces objectifs, la coalition réunit les acteurs impliqués dans la réparation et la réutilisation en Suisse pour partager des informations et mener des actions politiques communes. Ils visent à compléter le travail parlementaire en cours et à maintenir la question de la durabilité en haut de l’agenda politique. De plus, ils prévoient des actions de communication pour sensibiliser le grand public à l’importance de la consommation durable et expliquer les solutions spécifiques adaptées à la Suisse.

En résumé, la coalition s’engage à promouvoir une transition vers une économie circulaire à grande échelle en Suisse et à faire en sorte que la durabilité ne soit pas simplement un marché de niche.

Dans la droite ligne du mouvement Zéro Déchet, nous ne pouvions qu’y adhérer!

Schéma de l’économie circulaire. OFEV

Schéma de l’économie circulaire. OFEV

Plus d’infos sur longuevieanosobjets.ch

Le cuir végétalien, bonne idée ?

Alternatives vertes aux produits en cuir

Le cuir est respirant, durable et relativement imperméable à l’eau. Mais son origine animale – le cuir est la peau de bœuf, d’âne ou de porc – ne plaît pas à tout le monde. D’un point de vue écologique, des alternatives sont également souhaitées. Il existe aujourd’hui d’innombrables alternatives végétaliennes.

Pour que nous puissions porter des vestes ou des chaussures en cuir chic, un animal doit mourir. Alors qu’il y a des centaines d’années, nous n’avions besoin que de quelques animaux pour cela – et nous utilisions ensuite entièrement l’animal -, il en va autrement aujourd’hui.

L’élevage bovin est critiqué dans le monde entier, car il consomme énormément de matières premières et d’eau. Les végétaliens refusent en outre les produits d’origine animale, y compris le cuir.

Les alternatives au cuir ne datent pas d’aujourd’hui.

Au 19e siècle déjà, il existait le tissu pressé, un tissu de remplacement du cuir fabriqué à partir de cellulose stratifiée et traitée de manière particulière. Le tissu compressé était durable et pouvait être utilisé à la place du cuir, mais il avait tendance à se dégrader lorsqu’il était mouillé. Il n’était pas adapté aux chaussures ou à une utilisation sous la pluie.

Au milieu du 20e siècle, avec l’apparition du plastique, les cuirs synthétiques à base de PVC ont vu le jour. Les avantages sont vite apparus : le cuir synthétique est bon marché, le processus de fabrication est nettement plus court, la qualité reste toujours la même et il n’est pas nécessaire de disposer de surfaces pour l’élevage des animaux.

Les simili-cuirs modernes sont désormais recouverts de polyuréthane plutôt que de PVC. Pour conférer plus de confort au matériau, il est en outre expansé chimiquement. Ainsi, le similicuir fini est plus souple et plus doux.


Du point de vue des végétaliens, c’est un produit idéal.


D’un point de vue écologique, les similicuirs en plastique posent problème – car le plastique est, d’une part un produit issu du pétrole et d’autre part non dégradable. Certes, certains cuirs synthétiques sont aujourd’hui composés de matériaux recyclés, mais il s’agit néanmoins d’un matériau qui ne disparaît pas de l’environnement.

Avec l’émergence du véganisme, le terme “cuir végétalien” a rapidement fait son apparition. Celui-ci vise en premier lieu les défenseurs des animaux parmi les consommateurs, mais le terme n’est pas tout à fait correct : souvent, le cuir synthétique nécessite lui aussi des produits chimiques ou des colles et des plastifiants qui pourraient éventuellement contenir des composants d’origine animale.

Le choix d’alternatives en cuir artificiel est aujourd’hui énorme.

Outre les cuirs synthétiques en plastique déjà mentionnés, il existe également des alternatives à base de plantes, par exemple de fruits ou de feuilles :

Le plus connu est certainement le piñatex, un cuir fabriqué à partir des fibres des feuilles du palmier ananas. Les feuilles sont un sous-produit de la production d’ananas, l’empreinte écologique du cuir d’ananas est donc très faible et le cuir très robuste.

Une autre alternative est le cuir de feuilles de teck. Pour la fabrication, les feuilles de teck sont ramassées à la main, séchées et cousues avec du coton. Lors du traitement, la structure des feuilles est conservée, ce qui fait de chaque produit une pièce absolument unique.

Entre-temps, il existe également d’autres cuirs de fruits, par exemple à base de fibres de mangue, de pomme, de concombre et de banane. Dans notre pays, les produits en cuir de pomme sont de plus en plus présents sur le marché, mais ces alternatives à base de plantes et de feuilles sont également mélangées avec du plastique ou recouvertes d’une couche afin d’obtenir une sensation similaire à celle du cuir. Même la dernière alternative, le cuir en papier SnapPap, ne peut pas encore se passer de plastique. Il est obtenu à partir d’un mélange de papier (cellulose) et de plastique (latex) et est absolument indéchirable et lavable. Il en va de même pour les alternatives à base de raisins, de cactus, de liège, de kombucha ou de fimo.

La situation est différente pour le cuir de champignons, également appelé trama. Pour le fabriquer, de petits morceaux de racines de champignons d’amadouvier sont entrelacés avec des restes de maïs, de la sciure ou des fibres de chanvre ; cela le rend très résistant, respirant, flexible et même biodégradable.

Alors que les alternatives en cuir sont certainement plus écologiques que les cuirs traditionnels fabriqués à partir de peaux animales, elles sont encore loin d’être parfaites. L’option la plus durable est d’utiliser les produits en textile et en cuir aussi longtemps que possible et de ne pas les remplacer à chaque saison.

Re:Pas Challenge

Un challenge inter-entreprises pour adopter la vaisselle réutilisable lors des repas à emporter  

La Ville de Lausanne et le Canton de Genève, en partenariat avec l’association ZeroWaste Switzerland, se sont alliés autour d’un projet pilote à destination des entreprises, organisations et collectivités, visant les déchets liés à la restauration à emporter. La 1ère édition du RE:PAS CHALLENGE a eu lieu du 18 septembre au 8 octobre, soit 3 semaines pour adopter la vaisselle réutilisable de manière ludique.

Suite à ce défi, un rapport et des statistiques pour mesurer les impacts du projet ont étés édités, notamment pour évaluer le gain en termes d’empreinte carbone et de kilos de déchets évités.   

Les résultats

Au final, 45 entreprises et institutions ont participé à cette première édition. A travers elles, ce furent 351 personnes qui ont pensé ou repensé leur manière de consommer à l’emporter. Durant 21 jours, nous avons pu constater l’économie de :

  • 482 kg de CO2 soit l’équivalent de 2’297 km en voiture économisés
  • 115 kg de déchets évités soit l’équivalent de 28 sacs poubelles de 35 litres économisés


Sur une base annuelle, les chiffres sont encore plus éloquents:

  • 8’201 kg de CO2 économisés soit l’équivalent de 39’049 km en voiture économisés
  • 1’971 kg de déchets évités soit l’équivalent de 461 sacs poubelles de 35 litres économisés

A toutes les parties prenantes, MERCI pour votre réflexion et votre investissement!


Selon l’Office Fédéral de l’Environnement (OFEV), 350’000 tonnes d’emballages en plastique sont consommés par an et 18’500 tonnes de ces produits destinés à la consommation à l’emporter sont abandonnées dans la rue chaque année (littering). 2’700 kg finissent leur vie dans les lacs et cours d’eau !  

Leur fabrication et leur élimination consomment des ressources et de l’énergie, tandis que leur durée d’utilisation est extrêmement courte. Aussi les produits en plastique à usage unique devraient-ils être remplacés, dans la mesure du possible, par des produits réutilisables.  C’est dans ce contexte que plusieurs campagnes ont vu le jour afin de promouvoir l’utilisation de contenants réutilisables auprès des consommatrices et consommateurs de repas et boissons à emporter. Ces solutions sont de mieux en mieux acceptées par le secteur de la restauration et appréciées des clientes et clients. Il reste toutefois du chemin à parcourir en vue de la généralisation du réutilisable dans la restauration à emporter, et du changement des comportements de consommation.   

Pourquoi un RE:PAS CHALLENGE ?  

Parce que le défi pour démocratiser le réutilisable est de taille. Pour l’ancrer dans les habitudes de la clientèle consommatrice de repas nomades, le concept de challenge inter-entreprises est un outil ludique qui a fait ses preuves.  

Un défi pour les entreprises, organisations et collectivités ! 

Pour cette 1e édition, l’objectif était d’impliquer une cinquantaine d’entreprises de toutes tailles et branches, dans les cantons de Genève et Vaud. Pour les entreprises, c’est une démarche qui s’inscrit dans leur stratégie RSE et un outil de sensibilisation à la réduction des déchets et à la préservation des ressources. Les entreprises qui désiraient rejoindre le challenge pouvaient s’inscrire sur le site internet dédié à ce projet : www.repaschallenge.ch


Le projet RE:PAS CHALLENGE 

Pendant trois semaines, le temps nécessaire à l’acquisition de nouvelles habitudes, les personnes participant au challenge sont invitées à utiliser des contenants réutilisables lors de leurs repas emportés de la maison ou au moment de l’achat d’un repas ou d’une boisson à emporter. Durant ce laps de temps, les déchets évités sont mesurés, et les impacts deviennent concrets. De plus, des prix à gagner sont une motivation pour s’encourager tout au long du défi.  

Afin de faciliter le passage à l’action, les entreprises reçoivent un kit de communication, un accès à l’application internet (web app) repaschallenge.ch et, pour stimuler le changement de comportement, des contenants réutilisables pouvaient sont mis à disposition par l’entreprise. Les participantes et participants peuvent également s’équiper de leurs contenants personnels pour toutes leurs consommations à emporter (boîte à repas, gourde, mug, etc.). Enfin, de plus en plus de restaurants proposent de la vaisselle consignée, une alternative bien pratique lorsque l’on n’a pas de contenant à portée de main ou que l’on ne désire pas s’encombrer après avoir dégusté son repas ou sa boisson. 

De leur côté, les restauratrices et restaurateurs sont invités à accepter les contenants personnels ou à proposer une solution réutilisable, telle que la vaisselle consignée. Pour en savoir plus sur ce projet, cliquez ici : Adoptons le Zéro Déchet !

RE:PAS CHALLENGE se veut donc avant tout une action stimulante et ludique pour partager ensemble et de manière concrète des valeurs durables. La recette idéale pour appréhender un changement d’habitude plus facilement, d’autant plus s’il est réalisé en équipe! 

Pour tout renseignement complémentaire, c’est par ici.

Une rentrée Zéro Déchet 

Êtes-vous du genre à préparer la rentrée en fin d’année, pour tout mettre de côté et ne pas avoir à s’embêter à la veille de la reprise des cours, ou à foncer au dernier moment en grande surface ? Vous l’aurez compris, chez ZeroWaste Switzerland, on vous encourage à préférer la première option… Alors même si les vacances scolaires sont déjà bien entamées, nous vous livrons tous les conseils existants sur le sujet pour une rentrée climatiquement neutre.  

La base : le sac à dos 

A l’exception d’une première rentrée ou d’un changement dans les préférences (certain.e.s passent bien vite des héros de Pixney au thème Rock/Rebel/HipHop), il va de soi que le sac à dos va rester le même pendant un moment. Choisissez un sac neutre, solide et éthique, qui pourra être personnalisé au fur et à mesure de son évolution par des badges, breloques ou déco diverses et originales. Si toutefois un achat doit être fait, sachez qu’il y a plein de sacs d’école sur les sites de seconde main ou parfois dans votre entourage. Pensez aux amis qui ont des enfants, ou encore visitez les sites comme Ricardo ou Anibis. Si vous devez vous résoudre à l’achat du neuf, prenez le temps de bien discuter avec votre enfant pour lui expliquer que ce sac devra tenir le plus longtemps possible. 

Les fournitures  

Quand l’enfant est petit, l’école fournit la plupart des stylos et cahiers. Plus il grandit, plus les parents prendront le relais. Là aussi, on réutilise ce qui peut l’être. Pour tout ce qui doit être acheté, visez le durable (la règle en bois ou en métal), du tissu solide ou du cuir (la trousse), le local (fabriqué en Suisse ou en Europe. Évitez les importations Chine), le rechargeable (les stylos). Si quelques feutres ont séché, ne rachetez pas la boîte mais fournissez-vous dans une papeterie pour n’acheter que celui qui manque (chez nous, c’est toujours le rouge…). Idem pour les crayons de couleurs. 

Pour les cahiers et les feuilles, privilégiez des bois issus de filières durables (papier recyclé, labellisés FSC, PEFC, Blauer Engel). Préférez des couvertures cartonnées qui peuvent être recyclées plutôt que le plastique. Proscrivez les fourres de classeur en plastique. Investissez dans une perforatrice. Préférez le plastique pour une chemise de classement par exemple, qui sera conservée plusieurs années (j’ai toujours la mienne depuis 30 ans !)  

Et surtout, limitez-vous à l’essentiel. Inutile d’avoir 15 stylos à billes, des stylos pailletés, des gommes rigolotes… keep it simple !  

Pour les récrés et les courses d’école  

La gourde en inox, qui garde le frais longtemps, c’est une évidence. Pour la récré prenez un contenant réutilisable (boite en inox, boite en plastique assez solide et facile à ouvrir, sacs en tissu imperméable, gourde à compote réutilisable). L’important est que votre enfant n’ait rien à jeter. C’est pédagogique et, sait-on jamais, cela inspirera peut-être les autres ?!  

Privilégiez des aliments que vous trouvez en vrac, localement et de saison : fruits (pommes, abricots, c’est assez facile), céréales, fruits secs, biscuits. Et lancez-vous sur du fait maison de temps en temps… C’était l’activité du dimanche soir à la maison : madeleines au miel fabriquées en famille et qui se conservent jusqu’à 3 jours après sans problème! 

Les transports  

Accompagner son enfant en voiture est tentant… mais pas très Zéro Déchet. Identifiez avec lui/elle le chemin à faire à pied, en trottinette ou à vélo, et faites-le ensemble les premières fois (pour les plus grands !).   

Les enfants ont le droit de circuler à vélo sur les trottoirs jusqu’à 12 ans en l’absence de piste ou de bande cyclable. Le Conseil fédéral a mis en vigueur ces modifications au 1er janvier 2021. Il ne faut pas s’en priver si cela permet d’adopter très tôt les réflexes de mobilité douce.  

Certaines communes ont mis en place des pédibus qui permettent que votre enfant soit accompagné. S’il n’y en a pas, cela peut s’organiser avec des voisins ou camarades de classe qui vont dans le même établissement. 

Les activités extra-scolaires  

Ici aussi, le mieux est l’ennemi du bien. Dans la mesure du possible, incitez votre enfant à choisir une activité proche de chez vous pour éviter des trajets en voiture, voire qu’il puisse s’y rendre seul à partir d’un certain âge.   

L’équipement sportif peut-être trouvé d’occasion, parfois au sein même du club. Au moins pour les entraînements. Si votre enfant est musicien, les instruments de musiques se louent ou se trouvent aussi d’occasion. 

Les habits 

À la rentrée, nous nous rendons en général compte que notre enfant a grandi pendant les vacances, et que plus aucun pantalon ou chaussures fermées ne lui va… direction le centre commercial ? Pas forcément. Il y a souvent des bourses aux vêtements ou des trocs dans votre quartier à l’automne. Cela permet de trouver pas mal de chose à des prix modiques. Les chaînes de magasin d’occasion commencent à apparaitre dans plusieurs villes (voir notre carte des bonnes adresses). Enfin, les sites d’occasion sont aussi une mine de bonnes affaires. N’achetez neuf qu’en dernier recours…  

À toutes et tous, une belle rentrée Zéro Déchet! 

L’argent, Zéro Déchet, vraiment ?

Les chiffres que Jérémie Pichon cite dans son dernier livre, dans le chapitre dédié à la transition financière, sont de l’ordre de l’indécent. « Et pendant que nous éteignons soigneusement notre lumière avant de sortir de la pièce, notre argent en banque génère le principal de nos émissions carbones annuelles. Et pas une paille : 41 % des émissions totales ! »  

Comment est-ce possible ?  

Vous faites certainement partie des personnes qui ont un compte épargne. Bien que vous ne touchiez pas à cet argent, celui-ci ne dort pas ! La banque utilise ces fonds pour financer son activité économique : elle prête aux particuliers et aux entreprises moyennant rémunération (les intérêts). Une banque a donc besoin de liquidités : elle puise dans les dépôts ou en emprunte auprès d’autres banques ou des marchés financiers.  

Mais où est donc le problème ?

Par le choix de leurs placements, de nombreuses banques et institutions (assurances, fonds de pension) promeuvent une hausse des températures massives. En Suisse, l’impact climatique des banques est colossal ! 

Les faits 

les Artisans de la Transition ont démontré, dans trois rapports successifs publiés en 2016, 2018 et 2020, que le portefeuille d’actions connues de la Banque Nationale Suisse (92 milliards de francs suisses, soit 60% de ses placements en actions) était à l’origine de 48,5 millions de tonnes CO2/an. La BNS investit également dans certaines entreprises responsables de graves violations des droits de l’homme. Et elle continue à investir des milliards de francs suisses dans les Bourses mondiales sans politique de placement active pour évincer les entreprises les plus émettrices de CO2 et les moins recommandables. Pour prendre les bonnes décisions, les acteurs financiers scrutent les messages des banques centrales jusque dans leurs moindres détails.  

Sur le changement climatique, le message que la BNS envoie à toute la place financière suisse est très clair : « il n’y aurait pas de problème ».  

Et tout indique que les acteurs financiers suivent cette appréciation.  

  • Le montant des prêts que Crédit Suisse a accordé à la filière des énergies fossiles dans le monde depuis quatre ans équivaut à 1,7 fois ses fonds propres.  
  • UBS a multiplié par neuf ses investissements annuels dans le charbon en 2019.  
  • Trois quart des soixante plus grandes caisses de pension suisses n’ont aucune politique climatique.  

Le rapport de Greenpeace « Des affaires dangereuses pour le climat », publié en 2020, révèle quant à lui l’ampleur des chiffres : les deux grandes banques que sont UBS et Crédit Suisse finançaient, en 2020 toujours, directement pas moins de 93,9 millions de tonnes d’équivalents de CO2 – via le financement de 47 entreprises des secteurs du charbon, du pétrole et du gaz – soit le double des émissions de gaz à effet de serre de toute la population et de toutes les industries de la Suisse.  

Au niveau européen, l’accord de Paris sur le climat, conclu en 2015, consiste à harmoniser les flux financiers internationaux conformément aux exigences de réduction des émissions de gaz, et à soutenir un développement économique supportable pour le climat. Mais aucune autorité ne prévoit pourtant de contraindre les banques à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.  

Les institutions ne changeront pas toutes seules.  

Le système monétaire et financier s’est construit sur un modèle de rendement à tout prix, très pervers et qui fonctionne à notre insu, et malheureusement avec notre consentement. 

Alors que faire ? 

Interpellons nos banques ! Exigeons plus de transparence et de traçabilité, demandons où va notre argent !  

Les alternatives existent. Elles sont institutionnelles et individuelles, pratiques et associatives : elles s’appellent banques alternatives, coopératives, monnaies locales ou encore actionnariat conscient.  

Notre argent, à nous citoyen-nes, a un pouvoir infini.  

Alors plaçons-le dans des « mains » conscientes et éthiques qui veulent guider les capitaux vers des solutions qui favorisent une transition juste et écologique. 

Pour des informations plus détaillées et la liste de nos sources, vous avez la possibilité de télécharger notre guide de l’argent responsable

Bureau à domicile Zéro Déchet

Avec la hausse des coûts, beaucoup craignent que les avantages du travail à domicile ne deviennent des inconvénients. Mais celui-ci peut également être conçu de manière durable et, bonne nouvelle, offrir un potentiel d’économies.

Bien qu’il n’y ait plus d’obligation, beaucoup ont appris à apprécier les avantages du « travail à domicile ». Voici quelques raisons :

  • Les personnes particulièrement introverties apprécient de ne pas devoir faire une trop grande apparition devant leurs collègues.  
  • Les employeurs craignaient que de nombreux employés à domicile se laissent divertir par les tâches ménagères ou la télévision. Mais des études montrent que l’efficacité a même augmenté – précisément parce que vous pouvez vous vider la tête entre deux et, par exemple, envoyer une charge de linge dans la machine.  Parce qu’alors, quand vous vous asseyez devant votre ordinateur, vous n’êtes concentré que sur cela.
  • Les réunions durent moins de temps et les décisions sont prises plus rapidement et plus facilement.
  • Les temps de trajet sont dévolus à d’autres activités.
  • Selon une étude de Greenpeace, le bureau à domicile peut réduire sensiblement les embouteillages et ainsi économiser plus de cinq millions de tonnes de CO2 par an. Un avantage pour le portefeuille mais surtout un avantage pour l’environnement. Grâce aux employés qui travaillent en permanence ou en alternance à domicile, les entreprises peuvent économiser de l’espace de bureau, ce qui permet de réduire les coûts énergétiques (chauffage, éclairage, etc.).

Mais il existe de nombreuses autres opportunités durables à instaurer à la maison. Le bureau à domicile zéro déchet est facilement réalisable avec un peu de « débrouille ».

« Zero Waste » signifie zéro déchet mais aussi zéro gaspillage,  c’est-à-dire que cela fait référence au mode de vie sans déchets. Les déchets inutiles sont évités et nous gaspillons le moins de ressources possible. Vous pourriez réutiliser les choses, les recycler et, si nécessaire, réparer les appareils pour prolonger leur durée de vie.

Bureau sans papier

À la maison, nous pouvons décider de ce que nous imprimons et de ce que nous n’imprimons pas.  Il n’y a donc généralement pas besoin d’une imprimante, nous pouvons apporter des modifications directement aux documents numériques et les stocker ou les transmettre. Cela permet d’économiser du papier, qui à son tour préserve des ressources précieuses – le bois. Au lieu de post-it, vous utilisez des notes autocollantes numériques beaucoup plus pratiques – comme un programme ou une application Web. Vous pouvez même catégoriser les notes et les regrouper clairement – cela ne fonctionne pas avec les notes autocollantes physiques ! Regardez les programmes ou des applications tels que Simple Note ou Milanote pour les notes courtes, Evernote et OneNote pour les notes plus grandes. Pour les to-do lists, Wunderlist, Google Tasks, Microsoft To Do ou un outil de gestion de projet tel que Trello conviennent.

Si vous avez absolument besoin de papier, pensez que les enveloppes usagées et le  papier déjà  imprimé peuvent être réutilisés ou vous devriez au moins vous assurer d’utiliser du papier recyclé ou étiqueté FSC. Sans imprimante, vous économisez également de l’électricité pour elle et ses cartouches de toner ou d’encre, qui produisent des déchets contaminés. Si une impression est inévitable, il y a généralement des magasins de copies dans la région qui peuvent vous aider. Et s’il n’y a pas d’autre moyen, alors choisissez un modèle d’imprimante dont vous pouvez recharger les cartouches ou le toner. Pensez à imprimer vos documents des deux côtés et avec une police écologique. Les polices dites écologiques consomment moins d’encre et de toner que les polices standard. (exemple : Century Gothic : 30% d’encre économisé comparativement à Arial.) (Source : Konica-Minolta)

Seconde main

En général, l’ensemble de votre bureau à domicile peut être installé avec des objets « déjà aimés », c’est-à-dire avec des objets d’occasion. Dans les brocantes ou les magasins d’antiquités, vous trouverez de belles pièces uniques et abordables pour votre intérieur. Le reconditionnement du matériel électronique est également en expansion. Les ordinateurs portables ou non, les téléphones ou les imprimantes peuvent être trouvés sur des places de marché en ligne telles que Ricardo, E-Bay ou Facebook, mais aussi dans des magasins tels que Revendo. Cela donne aux appareils une seconde vie et économise les nombreuses ressources qui seraient nécessaires à la production d’un nouveau produit.

Pour finir, pour le cas où vous n’auriez pas trouvé votre bonheur d’occasion, assurez-vous, lors de l’achat du matériel neuf, que vous pourrez le (faire) réparer !

Fournitures de bureau alternatives

Vous pouvez également économiser sur les stylos et les surligneurs. Bien qu’il existe maintenant des stylos rechargeables, pourquoi ne pas simplement utiliser un crayon de couleur comme avant ? Un crayon papier jaune, bleu ou vert marque un mot aussi efficacement qu’un surligneur, mais ne cause pas de déchets plastiques et dure beaucoup plus longtemps. Il existe également des alternatives pour d’autres produits : trombones réutilisables au lieu d’agrafes, chemises en papier au lieu de chemises en plastique et produits en métal durable et en acier inoxydable au lieu de plastique. Même les cahiers peuvent être trouvés aujourd’hui recyclables, ou vous pouvez les fabriquer vous-même à partir de papier résiduel. Sur un ordinateur portable intelligent comme le Rocketbook, vous écrivez sur des pages effaçables, envoyez l’écrit numérique directement sur votre téléphone portable ou le cloud et pouvez réutiliser le carnet d’innombrables fois. Ou vous pouvez utiliser une solution entièrement numérique comme l’ordinateur portable Tablet Remarkable 2.

Économisez de l’électricité

Aussi utiles et pratiques que soient les outils numériques, ils ont un inconvénient : ils nécessitent de l’électricité !! Surtout maintenant, avec l’augmentation des coûts, des solutions sont également nécessaires ici.

En principe, la préférence devrait être donnée aux appareils équipés de piles ou de câbles rechargeables, car les batteries – même si elles sont recyclées correctement – nécessitent des matières premières précieuses et cela pour une durée de vie relativement courte. La meilleure façon d’économiser de l’électricité à la maison est d’utiliser des multiprises avec bouton d’alimentation. Lorsque les appareils ne sont plus nécessaires, il suffit d’éteindre la multiprise – car même en veille, les appareils consomment toujours de l’énergie. Et cela fonctionne pour toutes sortes d’appareils : micro-ondes, lampes, routeurs Wi-Fi ou téléviseurs. En outre, réduire la luminosité sur les écrans ou mettre automatiquement l’écran en veille lorsque vous ne travaillez pas dessus permet également d’économiser.

Vous pourriez d’autre part reconsidérer votre utilisation du numérique. Bien que les services basés sur le cloud tels que Teams ou Google Drive soient inévitables pour les entreprises ayant des employés de bureau à domicile, vous pouvez également économiser de l’argent ici. Cela permet de réduire les volumes de données stockées, d’éviter le double stockage et de sauvegarder les anciennes données sur un disque dur externe si nécessaire. Il en va de même pour les courriels, car leur envoi et leur réception coûtent également de l’électricité. Par conséquent, il est logique de dire adieu aux listes de diffusion superflues et d’envoyer de gros paquets de données via un lien de téléchargement. Ne pas envoyer un « merci » ou « Vous êtes les bienvenus » à la suite de chaque mail ? Le minimalisme aide ici deux fois – pour garder une trace et économiser de l’électricité. Il est également judicieux d’utiliser un moteur de recherche vert tel qu’Ecosia. Les opérateurs sont activement impliqués dans la protection du climat, leurs serveurs fonctionnent à l’électricité provenant de sources d’énergie renouvelables et ils utilisent les bénéfices pour planter de nouveaux arbres.

Pas de gaspillage alimentaire

Enfin, la pause déjeuner apporte également des avantages. À la maison, vous pouvez manger de manière durable – et acheter consciemment des produits de saison, régionaux, à base de légumes et cuisiner frais. Les sachets de thé ou le thé en vrac dans le tamis peuvent être infusés deux à trois fois et si vous buvez beaucoup de thé, il est préférable de remplir un thermos entier – il dure toute la journée. Bien sûr, vous devez toujours  penser à mettre un couvercle lors de la cuisson. Le réfrigérateur peut être réglé un peu moins froid, sept ou huit degrés suffisent *. De plus, il doit être aussi plein que possible afin qu’il ne consomme pas d’énergie pour refroidir l’air.  Les aliments cuits n’y sont déposés qu’une fois complètement refroidi.

*7 ou 8 °C dans le frigo suffisent pour les légumes, le fromage… c’est même mieux. Par contre cela ne suffit pas pour des produits très fragiles (type viandes hachées), il est donc recommandé de ne stocker ces produits que peu de jours. Ne convient pas aux personnes immunodéprimées.

Et si vous ne l’avez pas encore fait, vous pouvez installer des limiteurs de débit sur tous les robinets de la maison et utiliser des pommes de douche économes en eau. Lorsque vous vous rasez, vous brossez les dents ou vous savonnez, l’eau n’a pas besoin de couler et une courte douche permet d’économiser d’innombrables litres d’eau par rapport à un bain complet dans la baignoire. Mais ça, vous l’aviez déjà entendu !

Sources :

Greepeace : une mobilité au service de tous

Ecofonts : définition

L’énergie est rare. Ne la gaspillons pas