Des conseils pour agir à notre échelle contre ce fléau mondial
“Ce qui me scandalise, ce n’est pas qu’il y ait des riches et des pauvres :
c’est le gaspillage”.
Mère Theresa, religieuse (1910 – 1997)
Si le gaspillage alimentaire n’est pas un phénomène nouveau dans les sociétés occidentales, ces dix dernières années, la thématique s’est imposée au cœur des réflexions sur la sécurité et la durabilité du système alimentaire mondial.
La mise en lumière des conséquences environnementales, économiques et sociales du gaspillage alimentaire soulève des questions éthiques et morales sur l’égalité d’accès à la nourriture dans le monde et l’impact de notre alimentation sur les ressources naturelles.
Les chiffres ont de quoi faire frémir. Un tiers de la production alimentaire destinée à la consommation humaine dans le monde est perdue ou gaspillée, alors que dans le même temps un milliard de personnes ne mange pas à sa faim… En Suisse, ce sont environ 2,3 millions de tonnes d’aliments qui sont jetés chaque année. Cela représente le chargement de 150 000 camions, qui alignés les uns derrière les autres, constitueraient une colonne de Zurich à Madrid (source : savefood.ch).
La Suisse important 50% de ses aliments, elle contribue dès lors à mettre la pression sur le prix des matières premières dans le monde entier et rend ainsi plus difficile l’accès à la nourriture dans les pays pauvres.
Le gaspillage alimentaire signifie également une charge pour l’environnement, les sols, l’eau et le climat. Etant donné que l’agriculture est responsable de plus de 30% de la pollution de l’environnement, le gaspillage provoque une pression encore plus forte. Ce sont généralement les plus pauvres qui sont le plus touchés. Selon les chercheurs João Almeida et Claudio Beretta, 10% de l’empreinte écologique helvétique est due au gaspillage d’aliments.
Enfin, le gaspillage alimentaire contredit toutes les règles de l’éthique. Il est l’expression d’un mépris de la vie, du travail des paysans et de la nature qui nous offre les aliments. Il réduit les organismes vivants que sont les plantes et les animaux au statut de marchandises, exploitées pour produire plus et plus vite.
C’est au cours des fêtes de fin d’année que le gaspillage alimentaire culmine. En effet, nous avons tendance à trop acheter lorsqu’on attend des convives. Aussi, à l’approche de celles-ci voici des conseils simples pour mettre un terme à cet adage « plutôt jeter de la nourriture que d’en manquer ».
Avant de faire les courses
- Planifier les repas pour quelques jours à l’avance.
- Estimer le nombre de personnes à chaque repas.
- Contrôler les placards et le réfrigérateur pour voir s’il reste des aliments périssables ou déjà entamés à terminer rapidement.
- Etablir des menus intégrant ces produits et rédiger une liste de commissions avec les produits manquants pour un plat précis
Au magasin
- Respecter votre liste de commissions qui a été préparée d’après des besoins réels. Avec une liste de courses, vous faites vos achats de manière réfléchie et ciblée et évitez le gaspillage alimentaire dès le début. Vous gagnez ainsi du temps et de l’argent car vous achetez uniquement ce dont vous avez vraiment besoin.
- Acheter plus souvent au lieu de grandes quantités en une fois, notamment pour les produits frais.
- Acheter de grandes quantités uniquement si on est certain de tout consommer à temps. Réfléchir avant de choisir des produits en action, car ils poussent à acheter plus que nécessaire.
- Privilégiez-le vrac pour prendre la quantité nécessaire. En plus, acheter en vrac évite la production de déchets d’emballage !
- Préférer la vente directe (à la ferme, au marché), on y trouve également des fruits et légumes non calibrés écartés par les standards de la grande distribution. En achetant des produits avec de petites imperfections, vous contribuez à réduire la quantité de gaspillage alimentaire dans l’agriculture et le commerce. Les fruits et légumes marqués, tordus ou à la forme originale sont tout à fait comestibles et savoureux, leur qualité est irréprochable.
- La proximité évite aussi le gaspillage dû aux longs transports et au stockage.
- Bien vérifier la date limite de consommation des aliments.
- Enfin, acheter les denrées alimentaires qui doivent être réfrigérées seulement à la fin et utiliser un sac isotherme ou de congélation si nécessaire.
De retour des courses
- Ranger les aliments les plus frais dans le fond du réfrigérateur et placer devant ceux dont la date de péremption est plus proche.
- Plusieurs datages se trouvent sur les emballages alimentaires. Bien savoir les interpréter permet de se nourrir en toute sécurité, sans jeter inutilement des aliments encore bons à la consommation. Voici ce qu’il faut retenir :
- “à consommer jusqu’au” : Il en va ici de sécurité alimentaire. Cette date indique jusqu’à quand un produit peut être consommé lorsqu’il est stocké correctement. En vertu de la loi, elle doit apparaître sur les denrées alimentaires très périssables, par exemple la viande hachée ou le poisson frais. Astuce : Veillez à consommer ce type de produits dans les délais indiqués et à acheter seulement les quantités dont vous avez besoin. Si vous ne parvenez pas à les consommer à temps, cuisinez-les avant la date de péremption. Vous pouvez par exemple préparer des boulettes de viande avec la viande hachée, ou la congeler.
- “à consommer de préférence avant le” : La date limite de conservation est une garantie de qualité du fabricant. Elle indique jusqu’à quand un produit conserve ses caractéristiques spécifiques s’il est stocké correctement. La plupart des produits se conservent cependant au-delà de cette date. Une fois la date limite de conservation dépassée, il se peut que la consistance ou le goût du produit change légèrement. Vous pouvez toutefois le consommer sans aucun risque pour votre santé.
- Quid des aliments sans date limite de conservation ? Pour certains groupes de denrées alimentaires, l’indication d’une date de péremption n’est pas obligatoire. Les fabricants ont le choix de l’apposer sur le produit ou non. Il s’agit notamment des fruits et légumes frais, du vinaigre, du sel, du sucre, de certaines boissons (alcoolisées en général) et des produits de boulangerie (à consommer normalement dans un délai de 24 heures). Soit ces aliments se détériorent à tel point que vous le saurez au premier coup d’œil (fruits, légumes, pain et pâtisseries), soit ils ne se gâtent jamais du fait de leur composition. Le sucre et le sel font partie de ces denrées qui se conservent presque indéfiniment.
- Dates dépassées, que faire ? Faire preuve de bon sens en utilisant ses sens : observer, sentir, goûter. La couleur et la consistance de l’aliment ou l’état de son emballage permettent d’évaluer s’il peut être ingéré. Les personnes à risque (femmes enceintes, jeune enfant, personne âgée, malade) doivent respecter strictement les dates limites de consommation des produits réfrigérés. Un aliment dont l’emballage est gonflé (sauf en altitude) ou qui présente des moisissures doit impérativement être jeté.
- Quelles échéances respecter ?
Produits sensibles à consommer jusqu’au
Viande, plat cuisiné, salade coupée | Respecter la date si possible. |
Viande hachée, volaille, poisson, fruits de mer | Au plus vite. Respecter la date rigoureusement. |
Jambon cuit, terrine, pâté | Une fois ouvert, à consommer dans les deux ou trois jours. Respecter la date. |
Fromage frais, lait pasteurisé | De deux jours à une semaine après la date |
Produits peu périssables “à consommer de préférence avant”
Yogourt, beurre | De plusieurs jours à deux semaines après la date, parfois même plus. |
Charcuterie sèche, fromage à pâte dure | Jusqu’à deux semaines après la date |
Œuf | Jusqu’à deux semaines après la date : bien cuire. |
Produits de garde “à consommer de préférence avant”
Pâtes sèches, riz, semoule, farine, café, épices, huile végétale, moutarde, sucre, sel, vinaigre | Sauf signe de dégradation, pas de limite : vérifier la texture (pas mouillée, pas agglomérée), ainsi que le goût et l’odeur (pas rance, sans poussière ni insecte). |
Conserve, bocal, bouteille et tetra brik | Plusieurs mois, voire années au-delà de la date : vérifier que l’emballage n’est pas endommagé (bombé, bosselé, rouillé, déchiré, ouvert). |
Biscuits et chocolat | Plusieurs mois après la date. |
Lait UHT | Non ouvert, jusqu’à 1 mois après la date. |
Surgelé | Quelques mois après la date. |
En cuisine
- Avant de cuisiner un nouveau plat, terminer d’abord vos restes ! Il existe de nombreuses recettes originales sur Internet à base de restes recettes antigaspi ou ici
- Penser aussi à valoriser les fruits et légumes moins frais en faisant des soupes, compotes, … De même, récupérer le pain sec pour en faire des croûtons, de la chapelure, du pain perdu ou encore un gratin de vieux pain et légumes. Piocher des idées recettes sur le blog Carouge Zero Dechet
- Quand on a l’habitude de cuisiner pour sa famille, il est difficile de choisir les quantités adaptées pour 8, 12 ou même 20 personnes. D’autant qu’un repas de fête va multiplier les plats (apéritif, potage, entrée, plat, dessert…) pour des convives dont on ne connaît pas nécessairement l’appétit ou les préférences alimentaires. Pour un repas de réveillon, on conseille de prévoir 600 à 700g de nourriture par personne, tous plats confondus. Répartis au cours du repas, cela peut donner par personne :
- À l’apéro, 4 à 6 bouchées apéritives ;
- Pour l’entrée, 75 g de viande ou 100 g de poisson cuit. Ou encore 100 g d’un plat végétarien ;
- Pour le plat : on reste à 75 g de viande ou 100 g de poisson. Si on fait un menu sans viande, on augmente légèrement les quantités, 150 g à 200 g de légumes cuits/préparés, 50 g de riz (sec),
- Si on fait un plateau de fromage, compter 30 g – 50 g de fromage et 30 g -70 g de pain ;
- Pour le dessert, 100 g à150 g.
- Et pour les enfants ? Attention, les enfants mangent plutôt moins qu’un adulte mais les adolescents, plutôt… plus.
- Parce que c’est la fête et parce qu’on a envie que chacun trouve quelque chose à son goût, c’est une bonne idée de prévoir de la variété. Par exemple plusieurs accompagnements, fromages, types de pain… Alors, on adapte les quantités au nombre de plats. S’il y a 10 personnes à table, il est conseillé de servir 2 kg de légumes en accompagnement. Mais si on propose 3 types de légumes, on ne propose plus que 660 g de chaque. Et non pas 2 kg de chaque « au cas où tout le monde voudrait la même chose et qu’il n’y en aurait pas assez ».
Au moment des repas de Fêtes
- Permettre à chaque convive de se servir lui-même afin qu’il puisse choisir la quantité de nourriture qu’il désire.
- Si on sert le repas directement sur une assiette, on reste raisonnable sur la quantité. Et on invite volontiers les convives à se resservir. Si on a prévu trop, les restes qui sont dans le plat seront conservés tandis que les restes des assiettes finissent en général à la poubelle…
- On évite aussi de mélanger toute la salade. Une salade déjà vinaigrée se garde très mal, tandis que de la salade « brute » (même coupée et lavée) reste fraîche plusieurs jours.
- Bien que vous ayez limité au minimum les restes, vous avez du surplus, incitez vos invités à en ramener chez eux.
Après le repas de fête
Conserver les restes : On garde les restes de repas ou d’aliments entamés, cuisinés ou non, au frigo ou au congélateur. Pour bien conserver les restes :
- On les transfère dans un récipient propre et hermétique. On évite de garder la nourriture dans le plat qui a servi à la préparer ou à la servir. Ces plats sont souvent trop grands, ne se ferment pas et ont été en contact avec tout le monde.
- On les met au frigo ou au congélateur le plus vite possible pour éviter les intoxications alimentaires. C’est-à-dire moins de deux heures après avoir été préparés ou entamés.
- Si nécessaire, on portionne, puis on indiquer la date sur la boîte (surtout si on congèle).
- Enfin, si on a vu trop grand au moment des courses et qu’on n’a pas tout cuisiné, beaucoup de choses se congèlent très bien : crème fouettée, beurre, légumes blanchis, fruits…
La fête est plus qu’un repas
Le repas de fin d’année est important. C’est souvent autour de lui qu’on se rassemble. Mais ce n’est pas une raison pour passer la soirée assis à table autour d’un menu gargantuesque. On peut créer des rituels de fête qui entrecoupent le repas : prendre des photos de famille (une sérieuse, une rigolote), raconter chacun un souvenir heureux de l’année… Préparer le repas ensemble est aussi une façon de passer un bon moment. Ou encore l’agrémenter de jeux de société. Et si on est moins lourds, on profitera d’autant mieux de la soirée tous ensemble 🙂
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Bon appétit et belles fêtes de fin d’année !