ZeroWaste Switzerland

Non-profit association inspiring everyone in Switzerland to reduce waste.

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Étude de consommation 2023

En 2023, nous avons conçu un questionnaire d’évaluation des pratiques d’un panel afin d’identifier les changements de comportement les plus faciles et les plus difficiles à mettre en place.

L’objectif de cette étude est d’évaluer le niveau de maturité d’une population adulte, en charge du ménage.

Résultats

1 – Le panel

Au total, 458 personnes ont participé au sondage, dont une majorité de femmes.

Le mouvement Zéro Déchet est historiquement porté par des femmes. Ce chiffre est cohérent avec les participations à nos activités.

2 – Les courses

Devenir végétarien est considéré comme le geste le plus difficile.

34,1% ont répondu que cela est difficile ou impossible pour eux.

Les gestes plus faciles comme « prendre ses sacs et boîtes avant de faire les courses » ou « acheter local et bio » sont adoptés par 90% des personnes sondées.

3 – En cuisine

« Simplifier son matériel de cuisine » reste le geste le plus difficile pour 20% des personnes.

Les autres actions, basées sur du bon sens, sont déjà bien mises en place avec un taux de 60% à plus de 90%.

Les actions visant à réduire le jetable (films plastiques), tout comme celles axées sur l’économie d’énergie, sont majoritairement mises en œuvre dans la cuisine. Cependant, leur adoption est moins répandue que les actions liées aux achats, avec environ 80% d’application, principalement de manière partielle. L’énergie, pourtant vectrice de pollution, est parfois oubliée dans la démarche Zéro Déchet.

L’action la plus difficile est « Se passer du congélateur ». Moins de 15% y parviennent.

4 – La salle de bain et l’entretien de la maison

Tous les gestes sont partiellement ou complètement mis en place pour près de 80% des sondés.

Entre 5 et 20% des personnes trouvent difficiles les gestes tels que « acheter des produits de toilette solides ou issus d’ingrédients naturels ou bio, installer des économiseurs d’eau, utiliser du vinaigre et du bicarbonate pour le ménage ».

5 – Les vêtements

Les bonnes pratiques de sobriété de consommation, de réparation, et d’achat d’occasion sont mises en place par plus de 80% des participants.

Le plus difficile reste « réparer les chaussures » avec 17% des réponses, suivi de « renoncer aux soldes » par 13% et « acheter de seconde main ainsi que veiller à l’origine et à la matière des vêtements achetés neufs », par 11% des sondés.

6 – La technologie

Moins souvent associés aux déchets, nos outils technologiques ont pourtant un impact de plus en plus lourd. La mise en place de bonnes pratiques est plus difficile. « Se passer des réseaux sociaux, veiller à la taille des courriels et éviter de regarder des vidéos sur les réseaux 4G / 5G » sont considérés comme difficile pour près de 40% des sondés.

7 – Mobiliers, équipements et décorations

Les gestes tels que « emprunter des livres » et « vendre ou donner sur les sites d’occasions » sont les plus adoptés par nos sondés à plus de 90%.

Les gestes les moins fréquemment adoptés comprennent le recours à l’emprunt et à la location (moins de 70% de mise en place) plutôt qu’à l’achat. Ce résultat s’explique par l’offre encore insuffisante de solutions proches et abordables en termes de prix pour beaucoup de matériels /outils. Acheter reste le plus simple, et parfois le plus économique.

8 – Au bureau

 « Constituer une green team avec ses collègues » est difficile pour plus de 30% des participants alors que « se rendre au travail sans voiture est adopté à plus de 85%.

« Boire son thé ou café dans une vraie tasse et apporter sa gourde » fait partie du quotidien pour quasiment 90% des sondés.

9 – En voyage, déplacement professionnel

Cette thématique est de loin celle où les gestes Zéro Déchet sont les plus difficiles et le moins mis en place.

« Voyager sans prendre l’avion » est contre toute attente le plus adopté par près de 80% des sondés. Ce qui est inversément proportionnel à la statistique suisse : 60% des Suisses estiment qu’on peut prendre l’avion pour partir en vacances sans avoir mauvaise conscience (source sondage 2023 Tamedia pour 24H).

Ne plus avoir de voiture reste l’action la plus difficile à plus de 60%. Effectivement, c’est encore un moyen de transport indispensable dans certaines localités.

Enfin, consulter la carte des bonnes adresses Zéro Déchet est utilisé par moins de 40% des sondés, mais il est très encourageant de voir que près de 25% d’entre eux ont prévu de faire !

10 – Fêtes et anniversaires

 « Utiliser de la vaisselle réutilisable » fait partie du quotidien d’environ 80% des sondés. C’est une bonne nouvelle que cette habitude d’éviter ce déchet superflu soit adoptée à l’unanimité.

La barrière des normes sociales est encore difficile à franchir : demander à ses invités de venir avec ses assiettes, tout comme renoncer au papier cadeau sont les plus difficiles.

Conclusion

Pour ce sondage, il faut tenir compte de son biais, car il a été diffusé via le carnet d’adresses « newsletter » et les réseaux sociaux de l’association. Nous considérons que ces personnes sont déjà sensibles à la problématique du Zéro Déchet.

Pour bien des étapes, les participants à notre sondage ont déjà mis en place une grande partie des gestes Zéro Déchet.

Les gestes les plus souvent mis en place sont :

  • Acheter local
  • Cuisiner de saison et les restes
  • Donner ou vendre les vêtements inutilisés
  • Conserver son téléphone le plus longtemps possible
  • Vendre ou donner sur des sites d’occasion
  • Utiliser une vraie tasse au bureau
  • Emporter sa gourde
  • Utiliser de la vaisselle réutilisable

Les gestes les plus difficiles et les moins adoptés sont :

  • Se passer du congélateur
  • Devenir végétarien
  • Se passer des réseaux sociaux
  • Constituer une green team avec ses collègues
  • Ne plus avoir de voiture
  • Et demander d’apporter ses services lors de grandes fêtes

Il est intéressant de noter qu’auprès d’une communauté orientée et plutôt acquise à la démarche Zéro Déchet, les fondamentaux que nous présentons dans nos ateliers et initiations sont plutôt acquis.

Les gestes les moins appliqués sont peu mentionnés dans nos activités, moins demandés ou nouveaux (atelier voyage, vêtements et énergie ou atelier sobriété numérique). Certains comme repenser sa mobilité, ou devenir végétarien demandent également plus d’efforts dans la mise en place.

Les actions en lien avec une circularité de l’économie (seconde main, réparation, emprunt, location…) sont mises en place de manière partielle. Certainement du fait du manque d’offre qui peut rendre la démarche complexe et parfois coûteuse :

  • Acheter d’occasion n’est pas toujours facile (il faut trouver, pouvoir aller chercher un objet encombrant, avoir une offre attrayante à proximité, renoncer à une garantie…).
  • Réparer est le plus souvent déconseillé par les commerçants qui proposent le plus souvent de renouveler l’objet. Et la réparation de certains biens est presque plus cher que le prix du neuf (ressemeler des chaussures par exemple)
  • Louer ou emprunter : des plateformes de partage existent, mais peinent à trouver leur modèle : il peut être difficile de trouver à côté de chez soi ou disponible. Ce type de solution doit pourtant être privilégié à une échelle locale et encouragé par les collectivités. Plus les solutions de partage existeront localement et seront accessibles, moins nous aurons besoin d’acheter.

Enfin les normes sociales sont un frein souvent observé avec nos participants dans les ateliers, et se confirme dans ce sondage :

  • Il est plus admis aujourd’hui d’offrir un cadeau d’occasion alors que c’était inenvisageable (voir offensant) il y a quelques années.
  • Renoncer à de la vaisselle jetable pour une fête est admis pour notre panel alors que c’est une pratique très répandue dans nos entourages respectifs.

Il y a un travail de sensibilisation et de mise en pratique de ces nouveaux comportements par une partie de plus en plus importante de la population pour faire évoluer ces normes sociales.

C’est l’intérêt du mouvement Zéro Déchet: Une personne qui applique correctement la méthode Zéro Déchet peut être un modèle pour tous les autres et aider à obtenir le changement de comportement dont nous avons besoin dans l’ensemble de la population.

L’éco-graphisme au service du Zéro Déchet

Une nouvelle approche créative pour un avenir durable

La prise de conscience croissante de l’impact environnemental de nos actions a conduit à une recherche constante de solutions durables dans tous les aspects de notre vie quotidienne. Le graphisme ne fait pas exception. Depuis quelques années l’éco-graphisme émerge comme une approche novatrice pour réduire notre empreinte écologique. Elle tire son inspiration des codes du design minimaliste et est popularisé en 2017 au travers la méthode Ecobranding développée par le designer français Sylvain Boyer. Cette démarche demande d’effectuer régulièrement des recherches et des remises en question, car une communication sans impact environnemental d’existe pas encore mais des solutions pour les réduire avec panache si !

Dans cet article, Cinzia Sigg, éco-graphiste et partenaire de ZeroWaste Switzerland partage son expérience et présente l’éco-graphisme comme un outil essentiel au service du mouvement zéro déchet.

1. Zéro Déchet et éco-graphisme

L’éco-graphisme, en tant qu’approche axée sur l’analyse de cycle de vie de chaque support, se positionne naturellement comme un allié essentiel du mouvement du zéro déchet. Cette approche s’inscrit parfaitement dans l’objectif du zéro déchet, visant à réduire les emballages superflus et à minimiser les déchets générés par les produits de communication. En associant esthétisme et responsabilité environnementale, l’éco-graphisme devient ainsi un acteur clé dans la promotion d’un mode de vie durable, tout en évitant le piège du greenwashing.

2. Les principes de l’éco-graphisme

L’une des caractéristiques distinctives de l’éco-graphisme par rapport au graphisme « standard » réside dans l’application d’une démarche systémique dans le processus créatif. Cette approche transforme fondamentalement la nature de la création : elle ne suit plus un enchaînement linéaire de recherche, conception, ajustement et livraison, mais évolue plutôt vers un processus circulaire.

Dans cette approche, chaque étape prend en compte les objectifs spécifiques du projet, les contraintes physiques de sa conception, ainsi que les solutions durables envisageables. Ce processus intégré accepte la possibilité de va-et-vient constants tout au long du projet, permettant d’optimiser les performances et d’atteindre un résultat qui répond non seulement aux critères esthétiques, mais aussi aux normes élevées de durabilité.

3. Tour d’horizon de l’éco-branding

L’utilisation judicieuse des couleurs, des polices et des éléments visuels vont renforcer le message du Zéro Déchet tout en minimisant l’impact environnemental de la création graphique. Des choix responsables de supports et d’impressions contribuent également à cette approche écologique.

L’éco-branding, initié par le visionnaire Sylvain Boyer, est bien plus qu’une simple tendance – c’est une révolution visuelle pour préserver notre planète. Axé sur quatre piliers stratégiques – logos, couleurs, typographies et UI – l’éco-branding transforme la manière dont nous communiquons visuellement.

  • Éco-logo : L’image d’une entreprise, son empreinte visuelle. Imaginez un logo qui consomme moins d’encre, réduisant ainsi son impact écologique. Comment ? En affinant les contours, en limitant les aplats de couleurs, un éco-logo réussi est minimaliste et élégant. Moins d’encre, plus de style !
  • Éco-couleurs : Pour des couleurs écoresponsables, optez pour la quadrichromie plutôt que les couleurs Pantone. Pourquoi ? Parce que la quadrichromie génère moins de déchets et préserve nos ressources. Et le secret ? Ne dépassez jamais les 100% de taux d’encrage. Jouez avec la colorimétrie, un noir à 85% consomme moins tout en gardant son charme. Attention aux aplats gourmands en encre, utilisez-les avec parcimonie !
  • Éco-fonts : Les polices éco, c’est le must ! Des typographies fines et étroites qui économisent de l’encre à chaque impression. Des noms comme Century Gothique, Times New Roman, et Garamond sont déjà des héros de l’éco-font. Elles préservent l’environnement tout en donnant du style à vos messages.
  • UI – Interface utilisateur Le quatrième axe d’amélioration et de réflexion de l’éco-branding est l’interface utilisateur d’un site internet comme d’une application. Une interface utilisateur écoresponsable dépend de la conception d’un design qui requiert moins de place sur un serveur, limite la consommation d’énergie et de bande passante, et préserve la durée de vie des batteries. En gros un design léger, optimisé et rapide.

5. L’impact des choix de production

Le processus de création graphique n’est pas exempt d’empreinte carbone. Les choix de production des visuels peuvent avoir un impact significatif sur l’empreinte écologique globale.

Détaillons l’impact des choix de production des visuels en mettant en lumière les avantages des encres végétales, de la risographie et de la collaboration avec des imprimeries ou prestataires locaux.

  • Encres végétales

Les encres végétales sont fabriquées à partir de matières premières renouvelables, souvent issues de plantes comme le soja ou les légumes. Elles contiennent moins de produits chimiques toxiques que les encres traditionnelles à base de pétrole, réduisant ainsi l’impact environnemental. Choisir de travailler avec des encres végétales, contribue à réduire les émissions de composés organiques volatils (COV) liées à l’impression. N’hésitez pas à questionner votre imprimeur sur les matériaux qu’il·elle utilise et à lui proposer cette piste si il·elle ne vous le propose pas.  

  • Risographie 

Cette méthode d’impression utilise moins d’énergie que d’autres techniques d’impression (numérique ou offset), ce qui en fait une option plus durable. Les encres utilisées sont à base d’eau et de soja, excluant l’utilisation de solvants et de produits chimiques nocifs. La risographie est idéale pour des tirages moyens, ce qui minimise le gaspillage de matériaux. 

  • Collaborer avec des imprimeries ou prestataires locaux

En travaillant avec des imprimeries locales, vous minimisez les distances de transport, réduisant ainsi les émissions de carbone associées à la livraison. Vous contribuez à l’économie locale en choisissant des imprimeries de proximité ce qui renforce les entreprises locales et encourage le commerce éthique. Travailler localement permet un meilleur contrôle qualité et une communication plus directe avec les prestataires, favorisant une production plus efficace et moins sujette aux erreurs. Les imprimeries locales sont souvent plus flexibles pour répondre à des demandes spécifiques, favorisant une personnalisation accrue de la production.

En conclusion, opter pour des encres végétales, des impressions en risographie, et collaborer avec des imprimeries locales contribue à une production respectueuse de l’environnement. Choisir des encres végétales réduit les émissions de COV, la risographie minimise les déchets, et travailler localement réduit les émissions de carbone.

6. Conclusion

L’éco-graphisme représente bien plus qu’une simple esthétique visuelle ; il incarne un engagement envers la préservation de notre planète. En intégrant des principes écologiques dans le processus créatif, le design graphique devient un catalyseur puissant pour le changement. En adoptant cette approche, chaque choix devient une opportunité de créer des designs qui ont du sens, induisent des changements de comportement, peuvent être expliqués et défendus, et surtout, qui soutiennent la cause du Zéro Déchet en accord avec ses valeurs et missions. Zerowaste Switzerland, vous invite à repenser votre approche visuelle pour contribuer activement à un avenir plus durable. 

Le réutilisable meilleur pour le climat que les emballages jetables ?

 

32 études ont été sélectionnées par les auteurs du rapport1 car elles répondaient à une série de critères attestant de leur sérieux : étude datant de moins de 20 ans, l’analyse du cycle de vie (ACV) réalisée selon les standards ISO 14040- 14044, et comparant deux systèmes d’emballages (jetable/réutilisable) répondant au même usage. 

Premier enseignement : parmi ces études, 23 sur 32 (soit 72%) concluent que les emballages réutilisables sont meilleurs pour l’environnement que leur équivalent jetable. Certaines montrent ainsi que les bouteilles en verre réutilisables produisent 85% d’émissions de gaz à effet de serre de moins que le verre à usage unique, 75% de moins que les bouteilles en PET et 57% de moins que les canettes aluminium.

Cependant, cette seule observation n’est pas suffisante pour affirmer que le réutilisable est toujours plus intéressant pour le climat que le jetable. En effet, les résultats, positifs ou négatifs, vont varier dans chaque étude analysée en fonction de différents facteurs clés listés ci-dessous. Pour les auteurs du rapport ce sont donc sur ces facteurs qu’il faut travailler pour s’assurer que la substitution d’un emballage jetable par un contenant réutilisable sera meilleur pour le climat. 

Le procédé de fabrication de l’emballage 

Pour les emballages jetables, c’est systématiquement la phase de production de l’emballage qui est la plus impactante d’un point de vue climatique. Ainsi, en fonction de sa matière et du procédé de fabrication, l’emballage jetable sera responsable de plus ou moins d’émissions de gaz à effet de serre. 
→ C’est ce qui explique par exemple que toutes les études analysées concluent que les emballages en verre réutilisables sont meilleurs pour le climat que les emballages en verre à usage unique, et ce même à partir d’une seule réutilisation. En effet, la fabrication du verre est fortement émettrice de gaz à effet de serre, qui sont donc évitées à chaque réutilisation d’un emballage; 

Le nombre de réutilisation

Pour les emballages réutilisables, un facteur important du bilan environnemental est bien sûr le nombre de réutilisation de celui-ci. Chaque réutilisation permet en effet de compenser un peu plus l’impact de l’étape première de fabrication de l’emballage. Plus il est réutilisé (évitant ainsi la production de nouveaux emballages), plus l’impact de sa fabrication initiale devient minime. 

 Certaines études analysées indiquent ainsi que substituer une bouteille en PET jetable par une bouteille en verre réutilisable devient intéressant d’un point de vue climatique au bout de 10 ou 20 réutilisations de la bouteille. Une autre étude estime que pour une distance de transport réduite (200km), la bouteille en verre réutilisable est moins impactante que la bouteille en PET jetable dès la troisième réutilisation. Une autre étude estime que pour les gobelets réutilisables, il faudrait 10 réutilisations pour avoir un bénéfice environnemental du réutilisable.

Photo by Cantilever Distillery on Unsplash
Photo by Matthew T Rader on Unsplash

L’impact du transport

Au-delà du nombre de réutilisation, l’analyse des études montre que c’est aussi le transport notamment entre le lieu de collecte, de lavage et de re-remplissage du contenant (émis à chaque cycle de réutilisation) qui est le plus impactant. La plupart des études qui concluent à un impact négatif des emballages réutilisables le font d’ailleurs pour cette raison : des distances de transport trop grandes. Les émissions de GES dues au transport des emballages réutilisables dépendent elles-mêmes de trois paramètres : les distances, le poids des emballages transportés, et le mode de transport (le transport par bateau est par exemple nettement moins émetteur que par camion).

→ Une des études analysées conclut ainsi que la réutilisation des emballages est intéressante d’un point de vue climatique jusqu’à 1200 km de distance. 

Ainsi, cette vaste analyse des études réalisées sur le sujet permet de conclure que la réutilisation des emballages est bien souvent très bénéfique pour le climat, d’autant plus lorsque les distances de transport sont réduites (ce qui sera typiquement le cas pour un système de consigne en suisse), ou que le système vient remplacer des emballages en verre jusque là jetés après la première utilisation. Pour les producteurs qui voudraient maximiser le bénéfice climatique de leur système de réutilisation, reste à travailler pour : 

  • Assurer un grand nombre de réutilisation, ce qui nécessite bien souvent de mettre en place des systèmes de consigne pour s’assurer un bon taux de retour de l’emballage.
  • Optimiser la logistique : standardiser les contenants, privilégier des emballages empilables et profiter des livraisons de contenants pleins pour reprendre les vides.
  • Réduire les distances de transport entre le lieu de remplissage, de consommation et de lavage. 

Les écueils des méthodes d’analyses comparant emballages jetables et réutilisables

L’analyse de plusieurs études comparant l’impact environnemental du jetable par rapport au réutilisable permet également de pointer certaines limites des méthodes d’analyse utilisées, qui conduisent à favoriser les emballages jetables.

La première est la mauvaise prise en compte, dans les Analyses de Cycle de Vie, des risques de “fuites” dans l’environnement des emballages plastiques, dont on sait qu’elles ont un impact catastrophique sur l’environnement et la biodiversité. Ces risques de fuite, par définition imprévisibles et dépendant fortement du contexte de consommation du produit, ne sont pas forcément comptabilisés.

Autre biais dans les études : les méthodes de comptabilisation des bénéfices du recyclage (qui ont pour effet de réduire l’impact environnemental des emballages jetables dont une partie sera recyclée).

Certaines méthodes de comptabilisation des bénéfices du recyclage ne prennent pas en compte les pertes de matières ayant lieu au moment du recyclage ou l’impossibilité de recycler certaines matières pour fabriquer de nouveaux emballages, aboutissant en quelque sorte à “surestimer” les bénéfices environnementaux réels du recyclage. 

  1. Cette analyse a été menée par Reloop et Zero Waste Europe avec l’Université d’Utrecht. Elle a passé au crible plusieurs dizaines d’études comparant l’impact climatique des systèmes de réutilisation des emballages (souvent consignés) par rapport aux emballages jetables. Le sujet est âprement débattu depuis des années puisque les études menées en la matière donnent parfois des résultats contradictoires, en fonction des hypothèses posées au départ. L’ambition de cette recherche a été de compiler tous ces résultats pour comprendre à quelles conditions la réutilisation des emballages constitue un bénéfice climatique par rapport aux emballages jetables. ↩︎

L’économie du partage : une boîte à outils pour un avenir durable en Suisse

Avez-vous déjà pris le temps de faire le tri dans vos affaires et de redécouvrir des objets oubliés dans votre armoire, votre cave ou chez vos parents ? Des objets comme un matelas de camping, un jeu de Monopoly, un set à fondue ou une tente, souvent gardés “au cas où”, mais qui finissent par encombrer nos espaces sans que nous nous en rendions compte. 

Avec l’émergence de l’économie circulaire, l’économie du partage fait partie intégrante de ce modèle, rappelle une époque où le renouvellement constant n’étaient pas les maîtres-mots de notre société. Nos grands-parents savaient tirer le meilleur parti de ce qu’ils avaient, contrairement à notre tendance à accumuler toujours plus, poussée par des prix attractifs et non représentatifs du coût réel de ces objets ou services. 

Face aux défis du changement climatique et aux contraintes économiques actuelles (inflation et sortie du COVID), incitant à une consommation plus réduite, de plus en plus de personnes se tournent vers des plateformes de seconde main, principalement pour les vêtements. L’économie du partage peut également se révéler comme une réponse à des enjeux aussi bien économiques qu’environnementaux. 

Démocratisé par l’avènement du digital et des plateformes en lignes, les pionniers mondiaux de cette économie, tels que Airbnb et Uber, sont bien connus, mais localement, des services tels que la mobilité (Mobility & publibike) et les espaces de coworking (Gotham, Impact Hub, Regus) sont également des acteurs croissants et importants de ce type d’économie. Des initiatives locales et plus sociales existent aussi telles que les bibliothèques d’objets (Manivelle). Dans le cas de UBER et d’Air B’n’B, ces initiatives se sont retrouvées confrontées à des barrières et scandales (salaires et conditions des chauffeurs, pénurie de logement et hausse des loyers dans certaines villes due à la location sur Air B’n’B).  

Malgré cela, elles présentent des avantages significatifs dans une perspective zéro déchet. 

Prenons l’exemple de la voiture : avec 4,8 millions de voitures en Suisse 1 et un taux de remplissage moyen de 1,53 personne par véhicule 2, le potentiel d’amélioration du taux de remplissage par le covoiturage (ex: Blablacar) semble clair. De plus une voiture reste parqué 95% du temps 3 ce qui en fait un objet très pertinent pour le carsharing. Cette approche pourrait réduire le nombre de véhicules en circulation, limitant ainsi pollution, trafic et déchets en fin de vie. 

La force de l’économie du partage réside dans la mutualisation des biens et des services. Une perceuse ne sert en moyenne que 13 minutes sur sa vie 4. Si celle-ci est utilisée en commun, elle peut servir à plusieurs personnes, réduisant ainsi la demande de nouvelles productions et limitant les déchets en fin de vie. Ce modèle incite également à la production d’objets de qualité, car ce qui est durable et réparable est également plus rentable dans le partage. Cela engendre un nouveau paradigme et un design des objet remodelé.5 

Sur le plan social et économique, l’économie du partage répond également à une question d’égalité et « d’accès pour tous ». Elle permet à des personnes avec un revenu moindre d’accéder à un service à moindre coût. Elle offre également des avantages pratiques, tels qu’un gain d’espace (chez soi et espace commun (nécessité de moins de place de parking si une voiture est partagée)), le développement de communautés collaboratives et un accès élargi à une variété de biens et services. De plus, les utilisateurs n’ont pas à se soucier des coûts de maintenance, de réparation ou de recyclage liés à ces objets.6 

Cependant, malgré des débuts prometteurs au début des années 2010, l’économie du partage reste relativement marginale dans le paysage de nos modes de consommation. Les obstacles à surmonter pour qu’elle puisse fleurir incluent l’accessibilité, l’aspect pratique et logistique de la location, un coût accessible et compétitif ou bien la sécurité (ex: transaction en ligne). Les initiatives existent pour diverses catégories de biens et services, de la location de vêtements à celle d’articles de sport. 

En Suisse, avec un revenu disponible par habitant élevé, la question du coût financier de la possession est moins prépondérante qu’ailleurs. Cependant, l’économie collaborative représente une tendance de fond en Europe, avec des transactions atteignant 28 milliards d’euros en 2016, doublant en un an et projetées à 572 milliards d’euros d’ici 2025. 7

A l’heure ou la sobriété est centrale dans nos choix de société, l’économie du partage peut nous permettre de retrouver un rapport plus raisonné avec notre consommation, sans perdre ni choix, ni qualité. 

Les réglementations et législations doivent évoluer pour encourager l’économie circulaire en général, avec des propositions telles que le « droit à la réparation » déjà présent en France et dans l’union européenne.8 Ce droit est au coeur de la bataille de la révision de la Loi sur la protection de l’environnement et porté par le collectif « Longue Vie à nos Objets ».9 

En conclusion, l’économie du partage représente une opportunité significative pour façonner un avenir durable en Suisse. Elle offre des solutions concrètes pour réduire les déchets, favoriser la qualité des produits et encourager une communauté engagée dans le partage plutôt que la possession. Nous sommes souvent plus intéressés par le service que nous rend l’objet que par l’objet lui-même. C’est pourquoi une vision plus générale ou le focus est sur un accès à un service (Xaas: « Everything as a service ») pourrait avoir un impact conséquent et durable sur notre société et mode de consommation. Le chemin est tracé, reste à surmonter les obstacles pour faire de cette vision une réalité accessible à tous. 

  1. RTS 2023, « Les trois voitures les plus vendues en Suisse, radiographie d’un marché en pleine transition»,  5 September: https://www.rts.ch/info/economie/14287923-les-trois-voitures-les-plus-vendues-en-suisse-radiographie-dun-marche-en-pleine-transition.html  ↩︎
  2. RTS 2023, « Chaque Helvète parcourt en moyenne 30 kilomètres par jour, le plus souvent en voiture»,  6 April: https://www.rts.ch/info/suisse/13925929-chaque-helvete-parcourt-en-moyenne-30-kilometres-par-jour-le-plus-souvent-en-voiture.html 
    ↩︎
  3. Meyer-Vacherand E. 2023, « Voiture électrique, des efforts à fournir sur les bornes privées», Published in Le Temps, 5 August,: https://www.letemps.ch/economie/voiture-electrique-des-efforts-a-fournir-sur-les-bornes-privees  ↩︎
  4. Ellen MacArthur Foundation 2021, « How tool sharing could become a public utility: Toronto Tool Library and Makerspace», 1 December: https://www.ellenmacarthurfoundation.org/circular-examples/how-tool-sharing-could-become-a-public-utility  ↩︎
  5. Wallenstein J. & Shelat U. 2017, « What’s Next for the Sharing Economy?», Published in BCG, 4 October, Available: https://www.bcg.com/publications/2017/strategy-technology-digital-whats-next-for-sharing-economy [2023, November 7]  ↩︎
  6. Bahraini, A. 2023, « Sharing Economy: The Famous Circular Economy Solution», Published in Waste4Change, 24 March: https://waste4change.com/blog/en/sharing-economy-the-famous-circular-economy-solution/ 
    ↩︎
  7. Vie-Publique 2021, « L’économie collaborative : un nouveau modèle socio-économique ?», 9 March: https://www.vie-publique.fr/eclairage/19381-leconomie-collaborative-un-nouveau-modele-socio-economique 
    ↩︎
  8. Enard L. 2022, « Et si la Suisse favorisait l’économie circulaire?», Published in Terre Nature, 13 October: https://www.terrenature.ch/reparer-au-lieu-de-jeter-notre-pays-veut-encourager-leconomie-circulaire/ 
    * ↩︎
  9. Longue Vie à Nos Objets: https://longuevieanosobjets.ch/  ↩︎

On est tous dans la même barque : agriculteurs et consommateurs, de la fourche à la fourchette.

Nous avons rencontré Blaise Hofmann1, écrivain-vigneron né à Morges qui nous partage sa vision de l’agriculture et son avenir.

Respect, reconnaissance, rencontre, rémunération & responsabilité, encore 5 R

Quand dernièrement, j’ai demandé à mes parents quel avait été le meilleur souvenir de leur vie de paysanne, de paysan, tous deux m’ont répondu spontanément :

– Nos vingt-cinq années de vente directe avec le marché à la ferme.

Ils l’avaient ouvert dans les années 1990, à contrecœur, en réaction à une décision inattendue de leur coopérative fruitière : un employé refusa les plateaux de cerises de table que mon père lui livrait, sous prétexte que ses fruits avaient été cueillis sous la pluie. Il faut croire que sa colère fut bien vive, car il ne répondit rien, il referma simplement le coffre de son break et s’en alla.

De retour à la maison, en lançant quelques coups de fil, mes parents écoulèrent le stock auprès de leurs proches, s’aperçurent, d’une part, que les prix doublaient, d’autre part, que le lien avec le consommateur était renoué ; ils s’en trouvaient valorisés. Cette activité leur appartenait de bout en bout, ils maîtrisaient tous les maillons de la chaîne, de la plantation des arbres au prix de vente des fruits. L’idée germa ainsi d’écouler le reste des cerises sur un stand improvisé au bord de la route.

Quelques années plus tard, cette même coopérative décida de ne plus accepter non plus leurs pommes, pour la raison qu’ils étaient de trop petits exploitants : pas assez de surfaces, pas assez de rentabilité, pas assez de profits, trop de complexité logistique. À partir de ce jour, ils n’y remirent plus les pieds. Ils ouvrirent leur marché à la ferme tous les samedis, cela bien avant la tendance actuelle au circuit court. Ce fut un partage de compétence gagnant-gagnant entre le tempérament hyper social de ma mère, qui officiait comme vendeuse, et celui hyper actif de mon père, qui filait cueillir ce qu’il fallait en fonction de la demande. Ils trouvèrent ainsi, presque par hasard, le modèle de production qui leur convenait, qui leur ressemblait, qui leur apportait dignité et fierté.

Sans le savoir, mes parents commençaient ainsi à appliquer au quotidien la « règle des 5 R » de la géographe Sylvie Brunel :

RESPECT de ceux qui travaillent pour nous nourrir,

RECONNAISSANCE de leurs efforts,

RENCONTRE entre les mondes ruraux et urbains,

RÉMUNÉRATION digne des services accomplis,

RESPONSABILITÉ du consommateur.

Concernant ce dernier point, on dit souvent que le client est roi ; en vérité, tout est fait pour orienter ses choix, conditionner ses habitudes selon les souhaits des acteurs du marché agro-alimentaires.

En prenant par exemple l’habitude d’acheter sur les étals des pommes de terre propres, on impose sans le savoir aux producteurs de les traiter chimiquement pour raffermir leur peau et leur permettre d’être lavées, triées et transportées sans dommages ; c’est nous aussi qui imposons l’usage d’antigerminatifs car on n’achèterait jamais de tubercules couverts de végétation.

C’est aussi nous qui, poussés par une promotion exceptionnelle, souhaitons manger des tomates en plein hiver, et forçons ainsi les producteurs à acquérir des plants résistants, à les cultiver dans des serres chauffées, dans des terreaux hors-sols à base de fibre de coco sri-lankaise, à nourrir ces plants au goutte à goutte en eau, en phosphore, en phosphate et en oligo-éléments. C’est nous qui consommerons des tomates sans goût ni valeurs nutritives.

C’est nous enfin qui, en achetant des pommes parfaites, de taille moyenne, sans tavelure, sans défauts, déclassons indirectement les trois-quarts de la récolte de l’agriculteur ; nous qui imposons l’usage d’une trentaine de molécules chimiques pour obtenir des fruits aussi esthétiques que résistants ; nous qui forçons les producteurs à traiter avant la cueillette pour durcir les fruits, à cueillir trop tôt et conserver la récolte dans des chambres froides pour éviter le murissement…

On est tous dans la même barque : agriculteurs et consommateurs, de la fourche à la fourchette. Une décision impliquant l’un se répercute forcément sur l’autre ; on ferait mieux d’aborder l’avenir ensemble.

Pour cela, il faudrait que le monde agricole retrouve une voix, un visage, un corps, qu’il prenne le temps et trouve les moyens de se raconter, apprenne à le faire. Il ne sert à rien aujourd’hui d’aligner les chiffres alarmants (3 exploitations disparaissent en Suisse chaque jour), les pourcentages défaitistes (l’agriculture ne concerne plus que 1.7% de la population). Il faut remettre dans le débat de l’émotion, du dialogue, de la rencontre.

Réciproquement, il faudrait que la population citadine regarde un peu moins de tutoriels Youtube sur l’agroécologie, parte à la découverte des campagnes, sorte de sa zone de confort, ne considère plus uniquement la périphérie comme des zones de détente, de tranquillité. Elle apostropherait ceux qui dessinent et savent encore lire le paysage (étymologiquement, « paysan » signifie « gens du pays ») pour leur demander :

– S’il vous plaît, racontez-moi votre métier.

Hélas, l’alimentation n’est plus une préoccupation majeure et quotidienne ; on se soucie davantage de régimes amaigrissants que de sécurité alimentaire. Les dernières famines en Suisse remontent à deux siècles – en 1816, « l’année sans été », lorsque le climat mondial fut déréglé par l’éruption d’un volcan indonésien –, les survivants sont morts depuis longtemps et leurs cauchemars ne peuvent plus nous atteindre.

Trouver des denrées, les conserver et les cuisiner ne représente que quelques minutes de notre quotidien ; on commande en ligne des courses qui sont déposées devant la porte. Une fois toutes les deux semaines, on se gare dans un parking souterrain pour remplir un caddie, un frigo, un réfrigérateur : l’opération dure moins de deux heures.

Le budget nourriture a suivi la même tendance, ne constituant que 7% des dépenses d’un ménage (en Suisse en 2023). Une broutille en comparaison des sommes allouées aux hobbies, aux vacances, aux sorties. Ce faible pourcentage explique pourquoi tant de potagers ont disparus des alentours des fermes : les prix cassés des supermarchés rendent ces activités caduques. On en retrouve par contre de plus en plus sur les balcons des citadins, qui visent moins l’autonomie qu’un premier pas vers un retour à la terre, une sorte de hobbyfarming.

Pour remettre l’alimentation au centre des préoccupations, il faudrait d’abord rééduquer le goût du consommateur, ses connaissances des produits, ses aptitudes à les cuisiner.

S’il décidait de n’acheter que des produits locaux, de saison, s’il décidait de manger tous les morceaux d’un animal, de condamner les sucres ajoutés, les émulsifiants et autres additifs, s’il était d’accord de payer un petit peu plus cher, l’offre des magasins serait immédiatement bouleversée, sans que l’État, les grands distributeurs ou les multinationales agroindustrielles n’aient leur mot à dire.

En quelques années, la production s’alignerait comme par miracle sur les aspirations d’un consommateur éveillé.

L’État pourrait accélérer ce processus en sortant d’une gestion agricole exclusivement marchande, en remplaçant sa « politique agricole » par une « politique alimentaire », en remettant ainsi au centre du débat la production de nourriture, en cherchant à assurer, d’une part, de bons produits aux consommateurs, et d’autre part, aux paysans un revenu juste.

Durant la pandémie de coronavirus, il était si affligeant de voir le Conseil fédéral fermer tous les marchés de plein air et autoriser l’accès aux grandes surfaces. C’était la preuve d’un soutien très politique envers un système consumériste, l’aboutissement d’un demi-siècle d’hégémonie agro-industrielle sur l’approvisionnement alimentaire.

La terre, le végétal, l’animal ne constituent pas une industrie comme une autre. La production de nourriture ne doit pas obéir aux mêmes critères que la fabrication de gadgets. Il ne s’agit pas d’un métier de financiers, de communicants, d’ingénieurs.

L’agriculture est le dernier secteur à avoir intégré la société industrielle ; elle sera peut-être, il faut l’espérer, le premier à s’en affranchir.

  1. Blaise Hofmann
    Écrivain-vigneron suisse né à Morges en 1978, auteur, entre autres, d’Estive (Prix Nicolas Bouvier 2008 au festival des Étonnants voyageurs de Saint Malo) et de Faire Paysan (éditions Zoé, 2023). ↩︎

Sapocycle met fin au gaspillage de savon dans l’industrie hôtelière

Si l’on regardait de plus près les douches des hôtels suisses, on pourrait presque croire que l’industrie a fait le saut vers un avenir adapté aux petits-enfants !

En effet, là où il y a quelques années encore, on proposait principalement aux clients des petits produits de soin de 50 ml mis à disposition dans les douches, vous pouvez aujourd’hui trouver de grands distributeurs rechargeables pour shampooings et gels douche.

Une évolution réjouissante !    …. et pourtant les apparences sont trompeuses.

De nombreux hôtels 4 et 5 étoiles proposent encore à leurs clients des savons pour se laver les mains ou des petits produits d’entretien à essayer. Ces fournitures finissent ensuite à peine consommées en grande quantité dans les déchets. Ce n’est pas seulement l’emballage qui est irrévocablement perdu lors du recyclage thermique, mais aussi l’excès de contenu d’entretien lui-même. Pour une entreprise hôtelière, un tel gaspillage est doublement ennuyeux. D’une part, ils paient beaucoup d’argent pour ces produits, qui sont souvent pourvus du logo de l’hôtel et sont destinés à ce que le client puisse les emporter chez eux et ainsi se souvenir de l’hôtel même après son séjour. D’autre part, le poids des savons durs et/ou liquides à éliminer s’additionne et les quantités de déchets et les coûts d’élimination sont encore augmentés.

Mais depuis la création de la Fondation suisse SapoCycle en 2014, il existe une alternative aux déchets :

Les hôtels ont la possibilité de collecter leurs savons durs séparément et de les faire ramasser. Les savons sont ensuite envoyés directement dans un atelier de recyclage à Bâle, où ils sont traités et utilisés pour fabriquer de nouveaux savons hygiéniques qui sont distribués à des personnes dans le besoin en Suisse et à l’étranger. Mais ce n’est pas tout : depuis 2022, Sapocycle a franchi une nouvelle étape avec le retraitement des savons liquides. Désormais, ils peuvent également être distribués à Sapocycle. Le contenu est traité, les emballages vides sont envoyés au recyclage et les savons liquides transformés sont remis en bouteilles et également donnés à ceux qui en ont besoin. Détail qui a son importance : lors de la distribution des produits, Sapocycle s’assure que les savons liquides ne sont distribués que dans des pays qui peuvent garantir le recyclage de l’emballage !

Un projet réfléchi de A à Z qui favorise l’économie circulaire et réduit les déchets.  Le projet n’est pas seulement convaincant sur le plan écologique, mais aussi sur le plan social. Par exemple, le recyclage des savons se fait en coopération avec une institution qui emploie des personnes handicapées et la distribution des savons aux personnes en situation de pauvreté contribue à améliorer continuellement les conditions de santé et d’hygiène dans les pays en développement.

Le projet de Sapocycle est une réussite et les chiffres parlent d’eux-mêmes. À ce jour, 278 000 nouveaux savons ont été produits à partir de 41 000 kg de savons durs en Suisse et en France, et 2 120 litres de savon neuf ont déjà été produits et redistribués à partir de 5 500 kg de savon liquide. Au total, 85 000 kg de CO2 ont pu être économisés. Le projet est principalement financé par les hôtels participants, qui paient une participation annuelle pour la collecte des savons, en fonction de la taille de l’entreprise. En fin de compte, il est clair que la participation au projet est plus coûteuse que l’élimination des savons avec les déchets résiduels. Il existe encore peu de projets comme Sapocycle qui apportent une contribution aussi précieuse sur le plan écologique, social et humanitaire.

savon

Le cuir végétalien, bonne idée ?

Alternatives vertes aux produits en cuir

Le cuir est respirant, durable et relativement imperméable à l’eau. Mais son origine animale – le cuir est la peau de bœuf, d’âne ou de porc – ne plaît pas à tout le monde. D’un point de vue écologique, des alternatives sont également souhaitées. Il existe aujourd’hui d’innombrables alternatives végétaliennes.

Pour que nous puissions porter des vestes ou des chaussures en cuir chic, un animal doit mourir. Alors qu’il y a des centaines d’années, nous n’avions besoin que de quelques animaux pour cela – et nous utilisions ensuite entièrement l’animal -, il en va autrement aujourd’hui.

L’élevage bovin est critiqué dans le monde entier, car il consomme énormément de matières premières et d’eau. Les végétaliens refusent en outre les produits d’origine animale, y compris le cuir.

Les alternatives au cuir ne datent pas d’aujourd’hui.

Au 19e siècle déjà, il existait le tissu pressé, un tissu de remplacement du cuir fabriqué à partir de cellulose stratifiée et traitée de manière particulière. Le tissu compressé était durable et pouvait être utilisé à la place du cuir, mais il avait tendance à se dégrader lorsqu’il était mouillé. Il n’était pas adapté aux chaussures ou à une utilisation sous la pluie.

Au milieu du 20e siècle, avec l’apparition du plastique, les cuirs synthétiques à base de PVC ont vu le jour. Les avantages sont vite apparus : le cuir synthétique est bon marché, le processus de fabrication est nettement plus court, la qualité reste toujours la même et il n’est pas nécessaire de disposer de surfaces pour l’élevage des animaux.

Les simili-cuirs modernes sont désormais recouverts de polyuréthane plutôt que de PVC. Pour conférer plus de confort au matériau, il est en outre expansé chimiquement. Ainsi, le similicuir fini est plus souple et plus doux.


Du point de vue des végétaliens, c’est un produit idéal.


D’un point de vue écologique, les similicuirs en plastique posent problème – car le plastique est, d’une part un produit issu du pétrole et d’autre part non dégradable. Certes, certains cuirs synthétiques sont aujourd’hui composés de matériaux recyclés, mais il s’agit néanmoins d’un matériau qui ne disparaît pas de l’environnement.

Avec l’émergence du véganisme, le terme “cuir végétalien” a rapidement fait son apparition. Celui-ci vise en premier lieu les défenseurs des animaux parmi les consommateurs, mais le terme n’est pas tout à fait correct : souvent, le cuir synthétique nécessite lui aussi des produits chimiques ou des colles et des plastifiants qui pourraient éventuellement contenir des composants d’origine animale.

Le choix d’alternatives en cuir artificiel est aujourd’hui énorme.

Outre les cuirs synthétiques en plastique déjà mentionnés, il existe également des alternatives à base de plantes, par exemple de fruits ou de feuilles :

Le plus connu est certainement le piñatex, un cuir fabriqué à partir des fibres des feuilles du palmier ananas. Les feuilles sont un sous-produit de la production d’ananas, l’empreinte écologique du cuir d’ananas est donc très faible et le cuir très robuste.

Une autre alternative est le cuir de feuilles de teck. Pour la fabrication, les feuilles de teck sont ramassées à la main, séchées et cousues avec du coton. Lors du traitement, la structure des feuilles est conservée, ce qui fait de chaque produit une pièce absolument unique.

Entre-temps, il existe également d’autres cuirs de fruits, par exemple à base de fibres de mangue, de pomme, de concombre et de banane. Dans notre pays, les produits en cuir de pomme sont de plus en plus présents sur le marché, mais ces alternatives à base de plantes et de feuilles sont également mélangées avec du plastique ou recouvertes d’une couche afin d’obtenir une sensation similaire à celle du cuir. Même la dernière alternative, le cuir en papier SnapPap, ne peut pas encore se passer de plastique. Il est obtenu à partir d’un mélange de papier (cellulose) et de plastique (latex) et est absolument indéchirable et lavable. Il en va de même pour les alternatives à base de raisins, de cactus, de liège, de kombucha ou de fimo.

La situation est différente pour le cuir de champignons, également appelé trama. Pour le fabriquer, de petits morceaux de racines de champignons d’amadouvier sont entrelacés avec des restes de maïs, de la sciure ou des fibres de chanvre ; cela le rend très résistant, respirant, flexible et même biodégradable.

Alors que les alternatives en cuir sont certainement plus écologiques que les cuirs traditionnels fabriqués à partir de peaux animales, elles sont encore loin d’être parfaites. L’option la plus durable est d’utiliser les produits en textile et en cuir aussi longtemps que possible et de ne pas les remplacer à chaque saison.

Transformation Digitale et le Zéro Déchet

Quand on souhaite aller vers le Zéro Déchet, l’une des idées qui revient souvent est d’aller vers le tout numérique : facture en ligne, stockage des recettes de cuisine dans un cloud, etc.

Attention toutefois à ne pas tomber dans l’excès inverse, car on le sait peu, mais notre vie numérique a un grand impact sur l’environnement. Il y a évidemment la consommation énergétique, mais aussi l’énergie grise qui est cachée dans nos appareils (consommation de ressources naturelles telles que les terres rares, la fabrication, le transport, etc.).

Mettre tous ses documents sur un cloud, insérer une image dans sa signature, s’abonner à des lettres d’information (qu’on ne lit parfois pas !) : tout cela a un coût pour la planète. Mais comme toujours, il y a moyen de mieux faire !

Conseils et astuces pour des bonnes pratiques

Pour les e-mails

  • Envoi d’emails en format texte (12x moins lourds).
  • Si l’email est au format HTML, ne pas joindre les images et feuilles de style mais laisser l’option au destinataire de les télécharger.
  • Configurer l’anti-spams.
  • Vider sa messagerie – Supprimer les messages superflus sur le serveur (la corbeille, les messages envoyés, on les oublie trop souvent !) et sauvegarder les messages et pièces jointes importantes sur un disque dur.
  • Se désabonner des lettres d’information (Newsletters) – Oui, toutes celles que vous ne lisez jamais ! Il existe plusieurs outils gratuits pour vous aider dans cette démarche : unroll.me ou Cleanfox.
  • Utiliser un service de messagerie respectueux des données – Comme Protonmail ou Newmanity qui respectent la vie privée, sans analyser ni collecter les e-mails à des fins commerciales.
  • Limiter les e-mails ! – Avant d’envoyer un mail à tout le bureau, se demander si on ne peut pas transmettre l’information oralement ou si le jeune stagiaire a vraiment besoin de ce message. Chaque destinataire représente de l’électricité consommée en plus.
  • Opter pour une signature simple – Éviter les signatures d’e-mail avec une image ou une pièce jointe.
  • Envoyer moins de pièces jointes – Pour partager des fichiers, utiliser une clef USB moins énergivore que les pièces jointes. Et si on dispose d’un espace partagé au travail, indiquer le chemin pour accéder au document.

Pour les recherches sur le Web

Une recherche sur un moteur de recherche (comme Google par exemple) a un coût énergétique. Une banale recherche sur Internet consomme autant d’électricité qu’une ampoule de 100 W qui serait allumée pendant 1 heure (en prenant en compte tous les ordinateurs allumés nécessaires pour générer la page de résultats sur l’écran).

Il faut donc rendre nos recherches plus EFFICIENTES et utiliser un Browser (navigateur) adapté aux types de recherche. 

Firefox et Chrome ont actuellement les meilleures performances.

Aujourd’hui, 333.2 milliards d’e-mails (2022) (hors-spams) transitent chaque jour sur la toile.(source : Statista : nombre d’e-mails envoyés et reçus chaque jour dans le monde de 2017 à 2024) Quelle énergie le permet ? Si Internet était un pays, il serait le cinquième consommateur mondial d’électricité.

Conseils pour rendre les recherches plus efficaces
  • Directement à la bonne adresse – Pour éviter les recherches inutiles, utiliser les favoris pour accéder facilement aux sites que l’on visite. Si on connaît l’URL du site, on peut la taper directement dans la barre d’adresse du navigateur Internet.
  • Utiliser des termes spécifiques uniques (requête précise)
  • Utiliser le caractère «  » pour affiner la recherche (moins d’occurrences) à exemple : pour chercher « zéro déchet » sans ZeroWaste Switzerland : écrire zerodechet -zerowasteswitzerland
  • Utiliser des guillemets pour des suites de mots et phrases exactes à exemple : pour chercher l’association ZeroWaste Switzerland : écrire “ZeroWaste Switzerland”
  • Utiliser des délimiteurs « :/  »  à exemple : pour chercher un film sur le Zéro Déchet : écrire film:/ zero dechet (autres exemples : music:/ filetype:/ inurl:/ site:/ title:/ allintitle:/ related:/)
  • Utiliser l’advanced search du moteur de recherche pour affiner les résultats
  • Privilégier un moteur de recherche responsable – ça existe ! Ecosia (qui plante des arbres grâce à ses revenus publicitaire), Goodsearch (le moteur de recherche humanitaire) ou encore Ecogine (qui reverse l’intégralité de ses recettes issues des recherches à des associations à but environnemental), et beaucoup d’autres !
  • Vive le noir ! – Pour réduire la consommation d’électricité de l’écran, utiliser des pages de recherche noire comme Blackle (et diminuer la luminosité de l’écran tant qu’on y est !)
  • Bloquer la publicité – La publicité sur Internet consomme aussi de l’énergie : ne pas hésiter à utiliser des bloqueurs de publicité tels que Adblock ou Ghostery.

Stockage dans des serveurs

  • Limiter le stockage en ligne des données – Certes un cloud c’est très pratique, mais quelque part dans le monde, un vrai serveur (et sans doute plusieurs serveurs avec des copies) stocke les informations et consomme beaucoup d’énergie en électricité et en climatisation (ils doivent être à une température constante de 20°C).

Pour les ordinateurs

  • Prolonger la durée d’utilisation à 6 ans ou plus.
  • Privilégier un matériel certifié (EPEAT notamment).
  • Envisager la possibilité d’un équipement en deuxième vie.
  • Gérer intelligemment la fin de vie (collecte, recyclage, revalorisation).
  • Désactiver les économiseurs d’écran (screen saver).
  • Diminuer la luminosité de l’écran (économie de la batterie, rétro-éclairage très énergivore).
  • Consommation du processeur (privilégier les processeurs basse consommation ARM).
  • Multiprise pour périphériques (un équipement éteint continue de consommer, prises EcoWizz intéressantes).

Les impressions 

L’empreinte environnementale se concentre sur l’encre et le papier. Les 14% des impressions ne sont jamais lues, 25% sont jetées dans les 5 minutes après l’impression. Le 38% des volumes d’impressions sont générés par les e-mails.

En Europe, on utilise 4x plus de papier que la moyenne mondiale ! 92% de la consommation des imprimantes est liée au mode veille.

Les bonnes pratiques pour l’impression

  • Utilisation de papier recyclé (3x moins d’eau et d’énergie, les fibres sont recyclables 4 à 5x, 25x moins de pollution chimique). Chaque tonne de papier recyclé préserve 17 arbres, 26’500 litres d’eau, 4’100 kWh.
  • Critères d’achat : écolabels Blue Angel, EPEAT pour le hardware, Ecolabels FSC, favoriser les systèmes de recharge pour toners et encres.
  • Outsourcing des prestations d’impressions (label Imprim’vert).
  • Location du « service » d’impression (combat contre l’obsolescence programmée).
  • Sensibilisation des utilisateurs (HP Carbon Footprint Calculator).
  • Remplacer les imprimantes individuelles par des imprimantes réseauxpartagées.
  • Mise en place d’imprimantes multifonctions.
  • Utiliser un code ou un badge pour récupérer les impressions.
  • Imprimer en mode brouillon, en recto-verso.
  • Privilégier les polices de caractère peu gourmandes en encre (Century Gothic en français et Garamont en anglais)
  • Optimiser l’impression des pages web (suppression des Banners avec de grandes images, etc.)
  • Logiciel d’audit et mesure d’optimisation (Doxense WatchDoc)
  • Favoriser les encres solides.
  • Fin de vie intelligente des consommables (encre et papier).

Téléphones portables et tablettes

Les bonnes pratiques

  • Paramétrer les réglages de luminosité (l’écran est le composant le plus gourmand dans les téléphones ou tablettes).
  • Désactiver le Wi-Fi et le Bluetooth lorsqu’elles ne sont pas nécessaires (réduction de la consommation d’énergie).
  • Eviter les fonds d’écran animés (ultras gourmands en énergie).
  • Fermer les applications inutiles (éteindre l’application que l’on vient de quitter).
  • Installer une application d’économie d’énergie.
  • Limiter l’exposition aux ondes nocives (éviter de l’utiliser dans une enceinte fermée, utiliser des kits mains-libres).
  • Favoriser une plus longue vie de la batterie. S’agissant des batteries lithium-ion, il est recommandé de charger son appareil régulièrement afin d’éviter une recharge complète qui accélère le vieillissement de la batterie. De plus, il est conseillé de ne pas exposer son appareil à de trop hautes températures (appareil déposé en plein soleil) ce qui protégera également les capacités de la batterie.
  • Les notifications ou push : le téléphone se connecte en permanence à différents serveurs pour aller chercher les emails, notifications Facebook, etc. On peut gérer ces paramètres dans les réglages en demandant une consultation du serveur par exemple uniquement toutes les heures ou en optant pour le faire manuellement.
  • Le Cloud : il s’agit d’un espace de stockage virtuel. Encore une fois, on peut gérer la synchronisation pour qu’elle s’effectue soit à intervalles de temps réguliers soit manuellement. Evidemment, moins on transfère de données et plus la batterie tiendra longtemps.
  • Utiliser l’appareil photo avec parcimonie. Le HD consomme beaucoup d’énergie.

Sources

  • Empreinte environnementale : Earth Overshoot Day, footprintnetwork.org
  • Réchauffement climatique : COP21
  • Croissance démographique – eau : pranasustainablewater.ch
  • Disparition des ressources naturelles : Living Planet, report 2016
  • Du sang sur nos portables : enquête Action de Carême et Pain pour le prochain
  • Obsolescence programmée : émission d’ABE
  • Coûts de l’énergie : greenit.fr
  • Les nouvelles tendances : More Data, Less Energy – Maria van der Hoeven
  • Les objectifs du développement durable (PNUD) : undp.org
  • Global Reporting Initiative
  • Norme ISO 14040 : analyse cycle de vie (ACV)
  • ACV : pre-sustainability.comwww.quantis-intl.comwww.codde.fr
  • Economie circulaire : itopie.ch, cradletocradle, ecofina, jobEco, réalise entreprise d’insertion
  • Déchets : International Telecommunication Union
  • Déchets en Suisse : émission TTC : réparer c’est moins cher
  • Déchets : Where are we in Africa ?
  • Ecolabels : Epeat, ecoprofits, SwissClimate, Carbon Neutral
  • Eco-conception logicielle : Quick&Dirty Operating system
  • Logiciels libres et développement durable : ll-dd.ch
  • Ecoconception Web : GTmetrix, ecoIndex.frwebenergyarchive.com.ourssite.com
  • Poste de travail, bonnes pratiques : Microsoft Windows Forum
  • Impressions : ecofont
  • DataCenter : the green grid
  • Téléphones mobiles et tablettes : phonandroid.com, les impacts du smartphone
  • Fairphone : vimeo.com/107812653www.fairphone.com
  • Le choix du Browser : lesnumeriques.com/appli-logiciel

Pour aller plus loin cliquez ici.

https://reporterre.net/Petit-manuel-des-bonnes-pratiques-ecolos-sur-Internet

L’économie circulaire 

L’économie circulaire apparaît de plus en plus comme une alternative crédible au modèle économique actuel, donnant de l’espoir face à la crise climatique. Proposant un changement profond de mentalité dans la façon de produire biens et objets de consommation, tout en étant perçue comme moins radicale que la décroissance, elle pourrait convaincre de nombreuses entreprises promptes à y voir, en plus des bénéfices écologiques qu’elle apporte, une opportunité de se démarquer. 

Comment comprendre ce concept ? Est-ce une solution qui permettra de faire une réelle différence dans la transition écologique ? Comment s’articule-t-il avec l’approche Zero Waste ? Beaucoup d’espoirs sont en tous cas placés dans cette approche que nous vous proposons de décortiquer ici. 

Sortir du modèle dominant  

Notre économie repose largement sur le modèle de la production linéaire. Se basant sur l’illusion que les ressources sont illimitées, il a été le cadre dans lequel les Trente Glorieuses et la prospérité matérielle qui en a découlé ont pu advenir. On a donc envisagé pendant des décennies la production de biens matériels comme une opération consistant simplement à extraire, fabriquer, utiliser, jeter. La production actuelle de la plupart des biens matériels fonctionne encore sur cette logique. Les entreprises extraient de la Terre les minéraux, les métaux, la biomasse et les combustibles fossiles ; les transforment en produits manufacturés ; les vendent aux consommateurs qui finissent tôt ou tard par s’en débarrasser. 

Nous savons aujourd’hui que ce modèle – envisagé sous les deux faces de la même pièce, production et consommation – menace gravement l’avenir de notre planète, faisant peser sur les équilibres naturels qui régissent la Terre un poids de plus en plus intenable. Un concept nous aide à comprendre cela. Il s’agit des limites planétaires telles qu’elles ont été définies en 2009 par un groupe international de scientifiques. Ces limites sont des seuils qui font peser le risque, s’ils sont dépassés, de faire basculer la Terre dans un état d’instabilité critique. On en compte neuf : le changement climatique (concentration atmosphérique en CO2), l’introduction d’entités nouvelles dans l’environnement (molécules de synthèse, nanoparticules), l’érosion de la biodiversité, la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore (agriculture, élevage), la modification de l’occupation des sols (déforestation), l’acidification des océans, l’utilisation mondiale de l’eau douce, la diminution de la couche d’ozone et la concentration des aérosols atmosphériques (particules fines). 

A ce jour, on estime que six de ces limites sont déjà dépassées1, à cause de notre mode de vie, synonyme de surconsommation, surexploitation, surproduction… Il est donc urgent de changer de modèle.  

Une alternative crédible qui s’inspire de la nature 

L’économie circulaire décrit une manière de produire des biens qui s’inspire du fonctionnement des écosystèmes naturels dans lesquels rien ne se perd, les composants de la vie (carbone, oxygène, eau, azote, phosphore) étant recyclés en permanence. Elle se base sur la régénération. « Il n’y a de richesse que la vie », comme l’énonçait déjà dans l’un de ses ouvrages l’écrivain anglais John Ruskin2 (1860), pour qui le pouvoir régénératif de la vie, alimenté par le soleil, est la seule forme de richesse qui persiste dans le temps. Apprendre à réutiliser le plus possible la matière et l’énergie, comme savaient le faire nos grands-parents, voici simplifié le sens de l’économie circulaire. 

En Suisse, seul 6,9% de ce que l’on consomme a été fabriqué avec des matières recyclées et notre pays est celui qui émet le plus de déchets par habitant. Les ressources sont encore trop gaspillées et l’économie circulaire y reste trop souvent envisagée sous l’angle uniquement du recyclage des déchets au détriment des autres principes : la rénovation, la réparation, la réutilisation ou le partage.  

Or, recycler ne suffira pas. Pour bien comprendre cela, précisons que c’est le taux de croissance de la consommation des ressources qui conditionne la circularité d’une économie. On ne recycle en effet différentes matières qu’après des temps de « résidence » dans l’économie qui varient d’un produit à l’autre, mais qui peuvent atteindre plusieurs décennies. Avec un taux de croissance annuel supérieur à 1% (le cas de la Suisse), la part recyclée finit par ne représenter qu’une portion assez faible de la matière consommée au moment de la réintroduction de la matière recyclée dans le cycle des activités économiques. 

Il est donc nécessaire de susciter une prise de conscience auprès du grand public pour amorcer un changement de comportement. L’ONG américaine Global Footprint Network propose dans ce sens un indicateur, le jour du dépassement de la Terre (Earth Overshoot Day), qui calcule la date de l’année à partir de laquelle l’humanité a consommé l’ensemble des ressources renouvelables que la planète est capable de produire en un an pour régénérer notre consommation ou absorber les déchets produits, dont le CO2. Selon les estimations de l’ONG, la Suisse a atteint ce jour symbolique le 13 mai 20233, vivant dès cette date à crédit. Si tous les habitants du monde consommaient autant que ceux de la Suisse, tout ce que les écosystèmes de notre planète peuvent renouveler en une année entière aurait déjà été consommé. 

Une opportunité pour les PME 

La transition vers une économie circulaire peut se faire à deux niveaux : par un accompagnement politique via la mise en place de règles et/ou d’incitatifs qui permettent de poser des conditions-cadres. C’est ce que fait déjà – bien que modestement – la Confédération avec des associations telles que Circular Economy Switzerland, la plateforme de développement régional  regiosuisse ou encore Reffnet, un réseau suisse pour l’efficacité des ressources soutenu par la Confédération. 

Le Parlement s’est aussi saisi de la question. Le Conseil national a adopté en mai 2023 le projet de révision de la Loi sur la protection de l’environnement (LPE). Cette révision contient plusieurs dispositions visant à encourager le développement de l’économie circulaire en Suisse. Elle prévoit également de lutter contre l’obsolescence programmée en fixant des exigences concernant la durée de vie et la réparabilité des produits. L’initiative prévoit aussi que le secteur de la construction améliore le recyclage des ressources. Avant d’entrer en vigueur, le projet devra encore recevoir l’aval du Conseil des Etats.  

ZeroWaste Switzerland fait partie du mouvement :

Le deuxième niveau d’action se situe au niveau des PME elles-mêmes, ces dernières représentant la majorité du tissu économique suisse. Il est important de trouver des moyens de les inciter à s’engager dans cette voie. C’est le rôle que s’est donnée la Fabrique Circulaire, une plateforme créée à Genève par dss+4, qui vise à accompagner les PME dans leur démarche de transformation. Dans ce but, elle a lancé en 2021 un programme d’accompagnement dans le canton de Genève. Une quinzaine d’entreprises ont été retenues dans des secteurs allant de la construction, à l’industrie manufacturière, en passant par l’agroalimentaire, l’énergie, et les services. Ces entreprises ont bénéficié pendant 18 mois d’un suivi très poussé dans la réalisation de projets opérationnels d’économie circulaire. La même initiative a été lancée en 2023 dans le canton de Vaud. Le but espéré est d’avoir un effet boule de neige sur d’autres PME. « Les entreprises s’engagent pour l’environnement mais aussi parce que le coût de l’inaction, dans un contexte de pénurie d’énergies fossiles et de matières premières, va devenir trop élevé. Beaucoup d’acteurs, s’ils ne font rien, n’existeront plus dans cinq ans », analyse Charlotte Jacquot, la responsable du programme5

Un nécessaire changement de mentalités 

Pour arriver à s’imposer, l’économie circulaire doit pouvoir s’appuyer sur un changement profond de mentalités.  

Son fonctionnement suppose en effet que le cycle de vie complet des matières et des produits soit englobé : extraction, conception, production, distribution, utilisation prolongée et, enfin, recyclage. Elle doit par ailleurs pouvoir compter sur des matières qui ont été collectées séparément et recyclées afin de générer des matières secondaires de grande qualité telles que le PET ou l’aluminium, qui peuvent ensuite être commercialisées et utilisées dans la production de nouveaux biens. Cela implique d’éliminer les polluants lors de la collecte et du recyclage et de les retirer du cycle des matières. Les matières premières primaires peuvent ainsi être remplacées, dans le processus de production, par les matières secondaires issues du recyclage et du traitement d’autres matières premières.  

Agir en amont auprès des producteurs pour préserver au maximum les ressources naturelles lors de la production n’est pas chose facile. C’est ce que l’on nomme l’éco-conception. Les produits doivent être conçus de manière à nécessiter moins de matériaux, à avoir une plus longue durée de vie, grâce à leur valorisation ou à leur réparation, ou encore à être recyclables.  

A ce sujet, la méthode de conception dite Cradle to Cradle (C2C) ou « du berceau au berceau » en français est très proche de la vision portée par l’économie circulaire mais plus spécifique (l’économie circulaire est plus systémique, s’inscrivant dans une refonte globale des modèles économiques et industriels). Développée au début des années 2000 par deux scientifiques6, elle vise à créer des produits et des systèmes durables en s’inspirant des processus naturels, en favorisant la circularité des matériaux et en mettant l’accent sur la sécurité et la régénération. Elle s’accompagne d’une certification qui garantit qu’un produit C2C est recyclable et ne contient pas de matières premières nocives. On trouve des exemples de produits certifiés C2C dans l’industrie du papier, des encres, de l’emballage (bacs réutilisables).  

Zero Waste et économie circulaire 

L’approche Zero Waste- telle qu’elle est soutenue par ZeroWaste Switzerland – est une démarche complémentaire à celle de l’économie circulaire. Elle contribue à envoyer un signal positif aux entreprises désireuses de changer. En disant qu’il faut adopter un mode de consommation qui supprime les déchets, elle prépare le terrain à un système basé sur davantage de circularité. 

Au final, si elles se distinguent sur la cible – l’économie circulaire tente en priorité d’infléchir la chaîne de production en amont, l’approche Zero Waste cible son action sur les consommateurs – toutes deux œuvrent au même but : revenir à des conditions qui préservent l’avenir de notre planète et de ses habitants et garantissent le respect des limites planétaires.  

Gardons en tête toutefois qu’une économie circulaire à 100% relève de l’utopie, comme l’a été en son temps la quête du mouvement perpétuel en physique. Aucune boucle industrielle ne peut en fait récupérer et réutiliser 100% de ses matériaux. Le temps a un effet sur toutes les matières, qu’elles soient organiques et manufacturées, laissant son empreinte sur les métaux (corrosion), le plastique (décomposition), etc. Ceci dit, l’économie circulaire ouvre des perspectives encourageantes et son adoption, partout où c’est possible, est un pas de plus vers la transition.  

Image par Gelly___ de Pixabay

Exemple 

L’imprimerie suisse Vögeli AG a obtenu en 2019 la certification Cradle to Cradle® pour ses imprimés : cartes de visite, brochures, livres et emballages sont produits à base de matières recyclées et recyclables à 100% et pouvant donc retourner en toute sécurité dans le cycle biologique. 

L’objectif de la certification Cradle to Cradle® étant de ne mélanger que des substances saines dans un produit, il aura fallu à l’entreprise trouver des fournisseurs et des matériaux appropriés pour supprimer les résidus de matières toxiques que l’on trouve dans les matériaux réutilisés (encre par exemple) et trouver des substituts aux matériaux qui ne peuvent être recyclés, et finissent généralement comme déchets dans les décharges : matériaux de charge, colles, teintures, vernis. Au final, une entreprise qui a réussi à relever le défi « d’imprimer comme le ferait la nature», comme aiment à la dire ses dirigeants. 

Source : https://circularhub.ch/fr/magazine/details/gesunde-druckprodukte-lohnen-sich0 

Pour aller plus loin 

Sites web 

Livres 

  • Berlingen F., « Recyclage : le grand enfumage », Paris, Rue de l’échiquier, 2020 
  • McDonough W. et Braungart M., “Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things”, New York, North Point Press, 2002 
  • Raworth K., « La Théorie du Donut, l’économie de demain en 7 principes », Paris, J’ai lu, 2018 
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Une rentrée Zéro Déchet 

Êtes-vous du genre à préparer la rentrée en fin d’année, pour tout mettre de côté et ne pas avoir à s’embêter à la veille de la reprise des cours, ou à foncer au dernier moment en grande surface ? Vous l’aurez compris, chez ZeroWaste Switzerland, on vous encourage à préférer la première option… Alors même si les vacances scolaires sont déjà bien entamées, nous vous livrons tous les conseils existants sur le sujet pour une rentrée climatiquement neutre.  

La base : le sac à dos 

A l’exception d’une première rentrée ou d’un changement dans les préférences (certain.e.s passent bien vite des héros de Pixney au thème Rock/Rebel/HipHop), il va de soi que le sac à dos va rester le même pendant un moment. Choisissez un sac neutre, solide et éthique, qui pourra être personnalisé au fur et à mesure de son évolution par des badges, breloques ou déco diverses et originales. Si toutefois un achat doit être fait, sachez qu’il y a plein de sacs d’école sur les sites de seconde main ou parfois dans votre entourage. Pensez aux amis qui ont des enfants, ou encore visitez les sites comme Ricardo ou Anibis. Si vous devez vous résoudre à l’achat du neuf, prenez le temps de bien discuter avec votre enfant pour lui expliquer que ce sac devra tenir le plus longtemps possible. 

Les fournitures  

Quand l’enfant est petit, l’école fournit la plupart des stylos et cahiers. Plus il grandit, plus les parents prendront le relais. Là aussi, on réutilise ce qui peut l’être. Pour tout ce qui doit être acheté, visez le durable (la règle en bois ou en métal), du tissu solide ou du cuir (la trousse), le local (fabriqué en Suisse ou en Europe. Évitez les importations Chine), le rechargeable (les stylos). Si quelques feutres ont séché, ne rachetez pas la boîte mais fournissez-vous dans une papeterie pour n’acheter que celui qui manque (chez nous, c’est toujours le rouge…). Idem pour les crayons de couleurs. 

Pour les cahiers et les feuilles, privilégiez des bois issus de filières durables (papier recyclé, labellisés FSC, PEFC, Blauer Engel). Préférez des couvertures cartonnées qui peuvent être recyclées plutôt que le plastique. Proscrivez les fourres de classeur en plastique. Investissez dans une perforatrice. Préférez le plastique pour une chemise de classement par exemple, qui sera conservée plusieurs années (j’ai toujours la mienne depuis 30 ans !)  

Et surtout, limitez-vous à l’essentiel. Inutile d’avoir 15 stylos à billes, des stylos pailletés, des gommes rigolotes… keep it simple !  

Pour les récrés et les courses d’école  

La gourde en inox, qui garde le frais longtemps, c’est une évidence. Pour la récré prenez un contenant réutilisable (boite en inox, boite en plastique assez solide et facile à ouvrir, sacs en tissu imperméable, gourde à compote réutilisable). L’important est que votre enfant n’ait rien à jeter. C’est pédagogique et, sait-on jamais, cela inspirera peut-être les autres ?!  

Privilégiez des aliments que vous trouvez en vrac, localement et de saison : fruits (pommes, abricots, c’est assez facile), céréales, fruits secs, biscuits. Et lancez-vous sur du fait maison de temps en temps… C’était l’activité du dimanche soir à la maison : madeleines au miel fabriquées en famille et qui se conservent jusqu’à 3 jours après sans problème! 

Les transports  

Accompagner son enfant en voiture est tentant… mais pas très Zéro Déchet. Identifiez avec lui/elle le chemin à faire à pied, en trottinette ou à vélo, et faites-le ensemble les premières fois (pour les plus grands !).   

Les enfants ont le droit de circuler à vélo sur les trottoirs jusqu’à 12 ans en l’absence de piste ou de bande cyclable. Le Conseil fédéral a mis en vigueur ces modifications au 1er janvier 2021. Il ne faut pas s’en priver si cela permet d’adopter très tôt les réflexes de mobilité douce.  

Certaines communes ont mis en place des pédibus qui permettent que votre enfant soit accompagné. S’il n’y en a pas, cela peut s’organiser avec des voisins ou camarades de classe qui vont dans le même établissement. 

Les activités extra-scolaires  

Ici aussi, le mieux est l’ennemi du bien. Dans la mesure du possible, incitez votre enfant à choisir une activité proche de chez vous pour éviter des trajets en voiture, voire qu’il puisse s’y rendre seul à partir d’un certain âge.   

L’équipement sportif peut-être trouvé d’occasion, parfois au sein même du club. Au moins pour les entraînements. Si votre enfant est musicien, les instruments de musiques se louent ou se trouvent aussi d’occasion. 

Les habits 

À la rentrée, nous nous rendons en général compte que notre enfant a grandi pendant les vacances, et que plus aucun pantalon ou chaussures fermées ne lui va… direction le centre commercial ? Pas forcément. Il y a souvent des bourses aux vêtements ou des trocs dans votre quartier à l’automne. Cela permet de trouver pas mal de chose à des prix modiques. Les chaînes de magasin d’occasion commencent à apparaitre dans plusieurs villes (voir notre carte des bonnes adresses). Enfin, les sites d’occasion sont aussi une mine de bonnes affaires. N’achetez neuf qu’en dernier recours…  

À toutes et tous, une belle rentrée Zéro Déchet! 

Votations du 18 juin : OUI à la loi climat !

Le 18 juin, la Suisse doit se prononcer sur la loi climat. En tant qu’association ayant une vision de la Suisse sans déchets, ni gaspillage, ZeroWaste Switzerland se positionne en faveur de la loi sur le climat. En effet, en promouvant un mode de consommation et de production zéro déchet, nous soutenons cette loi visant à diminuer la consommation de gaz et de mazout et à nous rendre moins dépendants des importations d’énergie. Moins de combustion, moins de transport, donc moins de CO2.

Cette loi entre dans nos valeurs liées au fait de repenser sa consommation et la réduire, 2 de nos fameux 5R.

Alors le 18 juin, pour diminuer encore nos déchets et tendre toujours plus à l’objectif de neutralité climatique, VOTEZ OUI !

Plus d’information sur la campagne ici.

L’argent, Zéro Déchet, vraiment ?

Les chiffres que Jérémie Pichon cite dans son dernier livre, dans le chapitre dédié à la transition financière, sont de l’ordre de l’indécent. « Et pendant que nous éteignons soigneusement notre lumière avant de sortir de la pièce, notre argent en banque génère le principal de nos émissions carbones annuelles. Et pas une paille : 41 % des émissions totales ! »  

Comment est-ce possible ?  

Vous faites certainement partie des personnes qui ont un compte épargne. Bien que vous ne touchiez pas à cet argent, celui-ci ne dort pas ! La banque utilise ces fonds pour financer son activité économique : elle prête aux particuliers et aux entreprises moyennant rémunération (les intérêts). Une banque a donc besoin de liquidités : elle puise dans les dépôts ou en emprunte auprès d’autres banques ou des marchés financiers.  

Mais où est donc le problème ?

Par le choix de leurs placements, de nombreuses banques et institutions (assurances, fonds de pension) promeuvent une hausse des températures massives. En Suisse, l’impact climatique des banques est colossal ! 

Les faits 

les Artisans de la Transition ont démontré, dans trois rapports successifs publiés en 2016, 2018 et 2020, que le portefeuille d’actions connues de la Banque Nationale Suisse (92 milliards de francs suisses, soit 60% de ses placements en actions) était à l’origine de 48,5 millions de tonnes CO2/an. La BNS investit également dans certaines entreprises responsables de graves violations des droits de l’homme. Et elle continue à investir des milliards de francs suisses dans les Bourses mondiales sans politique de placement active pour évincer les entreprises les plus émettrices de CO2 et les moins recommandables. Pour prendre les bonnes décisions, les acteurs financiers scrutent les messages des banques centrales jusque dans leurs moindres détails.  

Sur le changement climatique, le message que la BNS envoie à toute la place financière suisse est très clair : « il n’y aurait pas de problème ».  

Et tout indique que les acteurs financiers suivent cette appréciation.  

  • Le montant des prêts que Crédit Suisse a accordé à la filière des énergies fossiles dans le monde depuis quatre ans équivaut à 1,7 fois ses fonds propres.  
  • UBS a multiplié par neuf ses investissements annuels dans le charbon en 2019.  
  • Trois quart des soixante plus grandes caisses de pension suisses n’ont aucune politique climatique.  

Le rapport de Greenpeace « Des affaires dangereuses pour le climat », publié en 2020, révèle quant à lui l’ampleur des chiffres : les deux grandes banques que sont UBS et Crédit Suisse finançaient, en 2020 toujours, directement pas moins de 93,9 millions de tonnes d’équivalents de CO2 – via le financement de 47 entreprises des secteurs du charbon, du pétrole et du gaz – soit le double des émissions de gaz à effet de serre de toute la population et de toutes les industries de la Suisse.  

Au niveau européen, l’accord de Paris sur le climat, conclu en 2015, consiste à harmoniser les flux financiers internationaux conformément aux exigences de réduction des émissions de gaz, et à soutenir un développement économique supportable pour le climat. Mais aucune autorité ne prévoit pourtant de contraindre les banques à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.  

Les institutions ne changeront pas toutes seules.  

Le système monétaire et financier s’est construit sur un modèle de rendement à tout prix, très pervers et qui fonctionne à notre insu, et malheureusement avec notre consentement. 

Alors que faire ? 

Interpellons nos banques ! Exigeons plus de transparence et de traçabilité, demandons où va notre argent !  

Les alternatives existent. Elles sont institutionnelles et individuelles, pratiques et associatives : elles s’appellent banques alternatives, coopératives, monnaies locales ou encore actionnariat conscient.  

Notre argent, à nous citoyen-nes, a un pouvoir infini.  

Alors plaçons-le dans des « mains » conscientes et éthiques qui veulent guider les capitaux vers des solutions qui favorisent une transition juste et écologique. 

Pour des informations plus détaillées et la liste de nos sources, vous avez la possibilité de télécharger notre guide de l’argent responsable