Une enquête conjointe de Caritas Suisse et de la ZHAW (Haute école des sciences appliquées de Zurich) a analysé la corrélation entre le revenu des foyers et les émissions de gaz à effet de serre (GES).
Ce résumé met en évidence les différences sociales en matière d’empreinte carbone et contient des propositions pour une politique climatique socialement responsable.
Les 10% les plus aisés sont à l’origine de 50% des GES tandis que les 50% les moins fortunés ne contribuent qu’à hauteur de 8%.
- Il est vérifié que plus un foyer est prospère, plus son empreinte carbone est conséquente. Les 10% les plus riches ont une empreinte carbone significativement supérieure, avec les 2% au sommet qui surpassent encore les 8% suivants.
- La structure du ménage joue un rôle dans ce bilan carbone.
- Un foyer plus grand produit moins d’émissions par personne car il s’étend sur une surface moindre et partage davantage les véhicules.
- Les seniors ont tendance à émettre moins puisqu’ils se déplacent moins que les jeunes générations.
- Les propriétaires ont une empreinte plus grande que les locataires, du fait généralement de logements plus spacieux.
- Les urbains ont des émissions légèrement inférieures aux ruraux ou périurbains, particulièrement à cause des émissions du trafic routier.
- Les principales sources d’émissions, indépendamment du niveau de revenus, sont les transports individuels, le chauffage, l’alimentation et les appareils électroniques.
- Toutefois, la catégorie de la consommation influe sur ces émissions. Avec plus de ressources, on tend à dépenser plus en chauffage et alimentation, mais c’est le transport qui marque la plus grande différence. Se nourrir et se loger sont essentiels, contrairement aux déplacements qui peuvent être minimisés avec des moyens financiers restreints.
- De surcroît, les plus riches ont accès à la consommation de luxe (voyages en avion, hébergements luxueux, loisirs etc.) tandis que les moins nantis émettent peu dans ces secteurs.
- Les émissions liées au transport s’accroissent nettement avec le revenu. Le transport et le chauffage étant les catégories les plus polluantes, c’est sur celles-ci qu’il faut agir.
- Les personnes à hauts revenus voyagent davantage mais leur consommation en chauffage n’augmente pas autant proportionnellement, du fait des limites de taille des logements et du point de température optimale atteint. Par ailleurs, elles disposent souvent de logements mieux isolés. La mobilité n’est pas affectée de la même manière ; plus de moyens financiers permet de se déplacer plus loin et plus fréquemment.
- Ainsi, les foyers modestes souffrent davantage des hausses de coûts de chauffage que de celles du carburant.
Que conclure pour une politique climatique socialement attentive ?
- Pour parvenir à un bilan carbone nul, tous doivent réduire leur empreinte, mais les plus riches bien davantage que les moins riches.
La majorité des ménages suisses émettent au-dessus de la norme, avec une moyenne de 5,2 tonnes d’équivalent CO2 (moyenne visée: 2 t CO2eq). Cependant, les riches impactent significativement plus que les pauvres, avec les 10% les plus riches ayant une empreinte 4 fois supérieure à celle des 10% les plus pauvres.
Dans une optique d’équité climatique, il convient de solliciter davantage les ménages aisés.
Transport, habitation, chauffage, alimentation, boisson et électronique sont les principaux contributeurs aux émissions. Pour les plus défavorisés, ces postes représentent une charge disproportionnée par rapport aux autres postes émissifs. Ainsi, taxer ces catégories toucherait inégalement les plus pauvres. Des compensations doivent donc être envisagées.
- Pour une approche climatique et sociale responsable, une taxation sur le carburant serait plus juste et acceptable que la taxe actuelle sur le chauffage.
- Les foyers modestes bénéficieraient alors d’une redistribution mieux répartie.
- Cela serait aussi le cas si l’on considérait la totalité des nuisances environnementales causées par la Suisse mondialement. La ZHAW montre qu’en redistribuant intégralement les taxes d’une tarification globale, les moins aisés gagneraient plus qu’ils ne dépenseraient, vu leur moindre consommation, bien que cette projection soit à nuancer selon les particularités de certains foyers modestes qui ne peuvent réduire leur consommation.
L’actuelle fiscalité sur les systèmes de chauffage fossiles pratiquée par la Suisse est donc discutable. En tant qu’incitatif pour baisser ses émissions, elle fonctionne uniquement pour les propriétaires capables de changer leur système de chauffage. Les locataires, sans choix alternatifs, subissent néanmoins la taxe.
Taxer le carburant adresserait les pollueurs aptes à choisir des alternatives plus propres.